Louannec-Sports et Jeux d’antan

LOUANNEC-SPORTS, LES TRENTE GLORIEUSES

J’ai réservé une place particulière à Louannec-Sports qui a été la fierté de la Cité pendant une bonne trentaine d’années. Le football a été longtemps l’activité unique des Louannécains.
A partir de 1970, l’activité sportive se diversifie. Un nouvel essor se fait, dans un deuxième temps dans les années 90, avec la création de tout un lot d’associations de loisirs et de détente…

LOUIS BOURDELLÈS, UN PRÉSIDENT OMNIPRÉSENT…

On ne peut dissocier Louannec-Sports et le nom de Louis Bourdellès, tant les deux n’en faisaient qu’un ! Louis Bourdellès, agriculteur à Mabiliès, est le frère de Pierre, maire de la commune. De retour de Pau où il suivi une convalescence d’un an dans un sanatorium, Louis rend officielle l’activité football en créant un club qui adhère à la Fédération Française. Les statuts sont déposés à la Sous-Préfecture de Lannion en 1948 : nom du club, Louannec-Sports ; couleur des maillots : jaune à parements noirs, d’où le nom de Canaris donné aux footballeurs louannécains.



Les débuts sont aussi difficiles que rustiques. Il faut improviser pour dénicher un pré, tondu par les troupeaux ! La situation matérielle s’améliore en 1954 lorsque la commune se dote de son stade municipal. Le Président, toujours à la tâche, veille au bon état de sa pelouse. Il y passe des heures et des heures semant ray-grass. Ensuite, sur son tracteur, il tire tour à tour brise-mottes et rouleau, passe la tondeuse. Reste à tracer le terrain, souvent avec l’aide de Louis Le Calvez… Son équipe fanion formée presqu’uniquement de cultivateurs progresse avec l’arrivée d’une première vague de lycéens comme René Rolland, Lilou Crocq, Jeannot Darrort, Roland Lissillour… Ces jeunes apportent du sang nouveau dans le groupe et une certaine modernité dans le jeu. L’équipe fanion gravit les échelons départementaux. Louis Bourdellès canalise cette progression en faisant signer joueurs et entraîneurs capables d’apporter de nouvelles compétences. Au fil des années, Louannec devient un bastion imprenable et est une exception dans le paysage footballistique du grand Ouest. Tout le monde s’interroge : Comment une aussi petite commune rurale réussit-elle à atteindre un niveau aussi élevé ?
Dans les années 70-80, le stade municipal est envahi par des spectateurs venus de tout l’ouest du département lorsque s’y produisent des équipes comme Paimpol, En Avant (qui ne prend le dessus sur Louannec qu’en 1974, lors de sa première épopée en Coupe de France), Morlaix, le Stade Briochin, Vannes, Le Mans, …


Louis Bourdellès à une réunion de Louannec-Sports, avec Jean-Claude Noël, M. Le Méner,
Claude Pérard et François Saliou.

Louis Bourdellès, dans la vie de tous les jours, élève alors plusieurs milliers de poules pondeuses dans des poulaillers qui se tiennent à l’emplacement actuel des Editions Jack. Dans son « cagibi » (c’est ainsi qu’il appelle le local où il travaille), il conditionne ses œufs et les range dans des alvéoles. Il y reçoit ses amis de passage qui viennent bien sûr parler de football : du lundi au mercredi, on évoque le match passé, à partir du jeudi du match on se projette dans le match à venir ! Sur sa table de travail à côté de sa mireuse à oeufs, des feuilles parfois raturées où figure la formation de l’équipe fanion et d’autres sur lesquelles il a rédigé – toujours avec une pointe d’humour- « Les Piaillements Canaris » : échos du club, appelés à paraître le jeudi dans les pages d’Ouest-France et du Télégramme. Combien de fois les prévisions ont été contredites pendant la Guerre d’Algérie. « Raymond, René, Marcel ou tel autre sera là dimanche ». Espoirs déçus pour les supporters inconditionnels que nous étions lorsque le Colonel ne donnait pas la « perm » attendue…
Louis passe, avec passion, 42 ans au service du club : véhiculant tel joueur ou tel autre, ouvrant sa table à d’autres, logeant dans sa maison de Kerscouach un autre. Quand il fait l’inventaire, il constate : « Sur quatre voitures que j’ai eues, j’en ai au moins usé trois pour Louannec-Sports ! ».
Sa carrière de dirigeant a été jalonnée de hauts et de bas. Les hauts : toutes les victoires glanées par ses Canaris sur tous les stades de l’Ouest. Les bas : « Les départs qui font mal ! » car Louis vit douloureusement ces mutations qu’il considère comme des désertions ! A certains moments, découragé, il dit qu’il va jeter l’éponge, mais la passion du job reprend toujours le dessus. « Ce qui me plaît, commente-t-il, c’est de voir les résultats de l’équipe, son enthousiasme, mais aussi l’engouement qu’elle provoque tant à Louannec que dans les environs. La camaraderie et l’excellent climat du club sont, j’en suis sûr, à l’origine de ses performances. »


Louis Bourdellès, président-fondateur de Louannec-Sports, et l’insigne collector du club.

Louis veille jalousement sur son équipe. Quand j’étais responsable des informations sportives à la Rédaction Ouest-France de Lannion, il m’est arrivé de l’avoir au téléphone pour que j’entende son désaccord sur telle ou telle phrase que j’avais écrite. Car Louis lisait entre les lignes ! Ca faisait partie du personnage dont l’épiderme se montrait sensible dès que le commentaire et le jugement ne correspondaient pas aux siens !
Je me suis toujours demandé pourquoi il n’a jamais posé sa candidature pour siéger dans les instances supérieures comme le Comité départemental ou la Ligue de l’Ouest. Son relais habituel avec ces structures était M. Augès, négociant en vins à Tréguier.
La grande silhouette souriante de Louis Bourdellès a cessé d’arpenter les stades du Trégor quand il a quitté la présidence en 1990. Son nom est inscrit en grande lettres à l’entrée du stade municipal.

La disparition de Louis Bourdellès donne suite à une période d’instabilité à la direction du club. On assiste au niveau de la présidence à quatre changements en 12 ans : Michel Omnès ; Bernard Salvi ; le triumvirat Jean-Yves Le Bozec – Albert Cadiou – Jean-Louis Bobier ; René Rolland. Dans le même temps, des joueurs mutent vers des clubs voisins. Ces handicaps auxquels s’ajoute une situation financière précaire conduisent les dirigeants louannécains à fusionner avec l’US Perros, en juin 2002.
Le nouveau club s’appelle l’USPL (l’Union Sportive Perros Louannec). L’équipe fanion évolue en DRH. Il a une école de foot où 15 adultes bénévoles encadrent une centaines de jeunes.

DES CHAMPS DE BETTERAVES AU STADE MUNICIPAL…

Pour jouer au football, il faut une aire de jeu. On commence avec les moyens du bord. On choisit un champ où les vaches ont pâturé. Peu importe si la pente est prononcée, on fera avec ! Le samedi, Louis Bourdellès enfourche son solex après avoir attaché un sac de plâtre sur le porte-bagage. Quand le propriétaire du champ souhaite récupérer son bien, rebelote ! Il faut chercher fortune ailleurs, dans un autre pré de la commune. A ce sujet, Louis Bourdellès confie à l’hebdomadaire Le Trégor : « Au moins une vingtaine de prairies ont servi de terrains. On a joué sur des courts, des longs, des étroits, des larges, des en pente des vallonnés, de toutes sortes qui ont servi quelques semaines ou quelques mois en fonction des cultures. » Pour que s’exprime la vague des jeunes joueurs et pour leur confort, en 1954, un stade municipal est aménagé au bourg. Le problème est que, dans un premier temps, l’aire de jeu excède de peu (92 m sur 50) les dimensions minimales autorisées. Les équipes battues, mauvaises joueuses, mettent leur défaite sur le compte d’un terrain qu’elles ne jugent pas aux normes. Elles râlent : « On ne peut pas développer notre jeu sur un tel mouchoir de poche ! » Ce qui a le don d’agacer Louis Bourdellès. On dit qu’à plusieurs reprises, il a apporté la preuve par neuf à ses détracteurs, chaîne d’arpenteur en main, que son terrain était règlementaire!


L’équipe de Louannec lors d’un de ses premiers matches sur le stade municipal nouvellement créé.

En 1965, alors que l’équipe commence à grimper dans la hiérarchie départementale, la municipalité aboutit après des pourparlers longs et laborieux auprès du propriétaire des terrains voisins à donner des dimensions harmonieuses à l’aire de jeu. Ce qui fait taire les critiques qui avaient cours par le passé ! Le train des Canaris est déjà lancé. Le football connaît un engouement inversement proportionnel à la taille de la commune. C’est le petit qui s’attaque aux gros. Et qui les mate ! Ces combats à la David contre Goliath drainent au stade municipal des foules de supporters venus de tout le Trégor et même au-delà.

LES PIONNIERS…

Les premiers dribbles à Louannec se font en 1923. Un jeune vicaire l’Abbé Le Penven organise dans un champ de Pontallec un match opposant les plus de 20 ans au moins de 20 ans. Parmi ceux-ci, des Louannécains que nous avons bien connus.
Plus de 20 ans : Pierre et Maurice Bouts, Yves-Marie Le Marrec (propriétaire du champ), Yves-Marie Prat, François Rolland (le père de René), Joseph et Amédée L’Hévéder.
Moins de 20 ans : Emile Le Poncin, Pierre Saliou (teilleur de lin), Yves-Marie Daniel, Yves et Paul Nicol, Yves Laeron, Yves Crocq (secrétaire de mairie), Pierre Le Bozec, Yves Michel, Louis L’Hévéder, Arsène Le Martret.
L’Etoile Saint-Yves voyait le jour ce 1 janvier 1923. (D’après un article de Jean-Noël Daniou)

LES VIEUX DE LA VIEILLE…


Sur la photo de droite: Roger Adam (à gauche) et trois de ses coéquipiers,
au début des années 50, avant un match à Penvénan.

Ils ont joué sur des prés couverts de taupinières et de bouses de vache. Ils ont tapé dans des ballons pas toujours sphériques. Souvent des « pointus » ! Des ballons qu’on apportait à Petit-Camp chez Pierre Crocq, bourrelier, qui les recousait. Ils se sont quelquefois ouvert le crâne, avec le lacet qui fermait le cuir, en faisant des têtes. Ils ont joué avec des chaussures presqu’aussi dures que des galoches. N’empêche que le plaisir était là et que l’amour du maillot les portait vers la victoire.


DIAPORAMA

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LES TEMPS FORTS…

La première fois que les Canaris attirent la lumière, c’est en 1958. Louannec-Sports dispute, cette saison-là, la finale du Conseil Général, au Stade Yves Le Jannou de Perros-Guirec, « mouchoir de poche » oblige ! La partie est très disputée. Après 105 minutes de jeu, toujours 0 à 0. Place à la deuxième mi-temps de prolongation. C’est alors que le redoutable avant-centre de Paimpol, Michel Le Bonniec, dit « Moustache », se positionne sur l’aile droite. A ce poste, il fait voir de toutes les couleurs à l’arrière louannécain Yves Trégoat. Jusqu’à marquer 5 buts, à lui tout seul, en l’espace d’un quart d’heure. La note est salée pour les Canaris. Les Canaris se vengeront de ce premier échec. En 1963, ils disposent de Ploeuc, en finale de cette même épreuve, en l’emportant sur le score de 4 à 0 !

SOUVENIR…
L’ami de Georges Brassens…

Neveu de « La Jeanne » de la chanson, Michel Le Bonniec, le héros de ce match, était un des meilleurs amis de Georges Brassens. J’ai eu l’occasion de rencontrer Michel, dans son appartement, au-dessus de son magasin d’articles de sports à Paimpol. Le fameux buteur a rougi de plaisir quand je lui ai évoqué ce match à Perros-Guirec. Il m’a ensuite raconté une anecdote relative à son ami chanteur qui avait une maison de vacances à Lézardrieux : « Georges venait me voir presque tous les jours. Une fois, il arrive tout heureux. Plus que d’habitude ! – Je lui demande : Qu’est-ce qu’il t’arrive ? – Il me répond : Tu sais, je viens de trouver un mot, une rime que je cherchais depuis deux ans ! » Georges Brassens a toujours dit qu’il construisait ses textes comme son père, maçon, construisait une maison : pierre par pierre.

En 1963, Louannec est champion de première division départementale. Cette année-là, l’équipe compte dans ses rangs Charles N’Doye, joueur de talent, transfuge du Stade Rennais qui tire vers le haut l’ensemble de ses coéquipiers.


Prise de contact entre Louis Bourdellès et Charles N’Doye en 1962.

En 1964, les « Canaris » cassent la baraque en Coupe de l’Ouest. L’équipe en est le Cendrillon, éliminant tout à tour le Stade Paimpolais (3 à 0), le Stade Lannionnais (3 à 1), En Avant de Guingamp (2 à 0), Landivisiau (1 à 0), l’AS Brestoise (1 à 0) avant d’être éliminée, en quart de finale, par Lesneven (0 à 2).
Revenons sur la rencontre face à l’AS Brestoise. A un repas des anciens de la commune en 2006, Jean-Pierre Zérini évoque cette journée épique en date du 19 avril 1964 : « Ce jour-là, devant 2500 spectateurs, plus de spectateurs que d’habitants dans la commune, les Canaris battent Brest 1 à 0 en Coupe de l’Ouest. L’AS Brestoise est à cette époque l’un des fleurons des grands clubs amateurs de France et elle présente face à nous son équipe-type. Louannec-Sports a la composition suivante : Jean-Yves Lozahic, Marcel Darrort, Lilou Crocq, Jeannot Darrort, Jean-Claude Allain, Jean-Jacques Crocq, Charles Darrort, René Rolland, Charles N’Doye, René-Yves Simon et moi-même. Sur les onze joueurs, dix habitent Louannec.


Ce jour-là, le public s’installe où il peut. Comme ici sur le toit de la buvette.
Ces années-là, on ne parlait pas de mesures de sécurité.

Après le but victorieux de Charly face à l’AS Brestoise.

A partir de cet exploit, l’ascension a été constante vers les sommets de la ligue de l’Ouest qui s’étendait jusqu’au Mans. En montant d’une division en moyenne tous les deux ans, nous avons en 1971 atteint la Division d’Honneur, soit l’élite régionale. On se mesure alors à Vannes, Morlaix, Lamballe, Douarnenez, Saint-Malo et des réserves comme celles des clubs pro comme Rennes, Lorient, Le Mans. Quelle était la potion magique qui animait les joueurs de ce village ? L’esprit de clocher, une grande condition physique, une grande solidarité, de bons entraîneurs. »


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Le contexte économique est favorable à une séquence sportive plus faste. On est dans une période de plein emploi doublée d’une forte demande de main d’œuvre sur le bassin de Lannion. L’équipe fanion s’étoffe au gré des embauches dans les usines. Elle vit de belles saisons au niveau de la Division d’Honneur, dans les années 70-80. En plus des joueurs cités dans cet article, on ne peut pas faire l’impasse sur deux éléments qui ont beaucoup apporté au club. Gérard Quilin était un virtuose.


Gérard Quilin.

Petit de taille, grand par le talent, c’était un poison pour les défenses adverses. Vif, doté d’un dribble déroutant, il savait mettre l’avant-centre sur orbite. C’était aussi un boute-en-train, un bon camarade. Sa disparition en mer, un jour de grande marée, a été durement ressentie par la famille des Canaris.
Philippe Massot, avec son côté « play boy » était un infatigable pourvoyeur de ballons. Son abattage, son niveau de jeu l’ont conduit ensuite vers la ligue 2 au Stade Lavallois et à Lucé.
Le dernier vol en altitude des Canaris se fait en 1994 en Coupe de France. Louannec (DRH) bat tour à tour Coatréven (Promotion de 1ère division) 1 à 0 ; Plédran (PH) 1 à 7 ; Légion Saint-Pierre (DSR ) 2 à 0 ; Carhaix (DSR) 0 à 4 ; Plounévez-Lochrist (DSR) 2 à0 ; Lanester (DH) 2 à 0 devant 1200 spectateurs. L’aventure se termina au 8 ème tour soit 64 ème de finale, face au Stade Briochin (D2) au Stade Yves Le Jannou de Perros-Guirec devant 3500 spectateurs.

UN TITRE PASSE SOUS SILENCE EN 1972…

Les cadets a été sacrés champions de l’Ouest en 1972. Ce succès, en son temps, n’a pas fait le « buzz». Un seul article dans l’album souvenir de Rémi Le Maillot, retenu cette année-là dans la sélection minime de l’Ouest : une photo assortie de 30 lignes. Maigre, le chat ! Pourtant, ces jeunes Canaris, entraînés par Claude Pérard et « couvés » par Jean Chapelain, ont multiplié les exploits. En finale, à La Motte, ils ont battu Lorient (2 à 0). En demi-finale, ils avaient éliminé le Stade Rennais à Louannec (2 à 0) et en quart de finale le Stade Brestois sur son terrain (1 à 0).


Les cadets, en 1972.

Dans les rangs de Louannec, il y avait un joueur qui depuis longtemps est sous les projecteurs nationaux et internationaux : Guy Stéphan, aujourd’hui entraîneur-adjoint de l’équipe de France.


Guy Stéphan.

Guy Stéphan, que j’ai rencontré dans une brasserie des Champs Elysées, près de la Place de l’Etoile à Paris, il y a une dizaine d’années pour les besoins d’une interview, se souvient très bien de cette séquence victorieuse. A l’une des questions bateaux que je lui ai posées : « Quel est le plus mauvais souvenir de ta carrière ? – C’est justement le jour de cette finale. Comme il était acquis que j’allais signer à Perros en même temps que Claude Perard, Louis Bourdellès m’a dit : Eh bien, cette médaille, tu ne l’auras pas ! » Guy Stéphan, entraîneur adjoint de l’équipe de France, jouait dans cette équipe.

Louis Bourdellès vivait son attachement au club avec une telle passion qu’il considérait le départ d’un joueur comme une trahison, comme une histoire de cœur, un divorce qui se termine mal !

Rendons hommage à ces espoirs d’alors et citons : Denis Balcou, Yannick Lascaux, Philippe Saliou, Serge Gelgon, Didier Boeté, Rémi Le Maillot (minime surclassé), Alain Geffroy, Jean-Louis Bouchez, Michel Trémel, Philippe Roussel, Nicolas, Godé. Sont absents sur cette photo : Christian Pezron et Guy Stéphan. Ont confirmé par la suite Rémi Le Maillot, quatre saisons en N4 à Lannion et autant à Perros ; Michel Trémel qui fit les beaux jours d’En Avant et bien sûr Guy Stéphan, riche d’une carrière professionnelle nationale et internationale en tant que joueur et en tant qu’entraîneur. Quelques saisons plus tard, Louannec remporte le titre de champion des Côtes du Nord en juniors.


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ÉCHOS …

LE BLÉ QUI LÈVE…
Deux manifestations ont contribué à mettre en évidence les futurs talents. La première, c’était lors d’un « Pardon » de Mabiliès, dans les années 50, un match commenté par Edouard Ollivro, opposant les Picous du Bourg à ceux de la campagne. La deuxième s’est déroulée à Cavan, quelques années plus tard, face à un groupe emmené par Pierre-Yvon Trémel, futur sénateur-maire de sa commune.

MI-TEMPS DANS LES FILETS…
Charlie N’Doye venait d’arriver. Pour son premier match –comme pour les autres d’ailleurs- ses coéquipiers cherchaient à faire bonne figure. C’était à Bégard. Lorsque l’arbitre siffle la mi-temps, tout le monde rentre au vestiaire sauf Maurice G. dit « Coco ». Le gardien était resté faire une petite sieste réparatrice pour finir de se remettre d’une matinée peut-être plus arrosée qu’il ne l’aurait fallu.

DAV DEI … LA TACTIQUE APPROPRIÉE !
A la mi-temps, Charles N’Doye qui avait l’habitude des conseils tactiques des entraîneurs et des schémas au tableau de demander : « Quelle tactique on applique en deuxième mi-temps ? – Dav dei ! » répond du tac au tac son coéquipier Louis Le Gall (secrétaire de mairie à Trégastel). Ce qu’on peut traduire en ces termes : « A fond, les manettes ». Elémentaire!

LES PÉPECS DE LA COLLINE…
« Les pépecs de la colline », c’est ainsi que les fans de l’US Perros appelaient les Louannécains surtout lorsque se profilait le derby. La réplique était : Et vous, les joueurs de Chicago !
Généralement, jusqu’à Pâques, dans les années 50, Louannec-Sport caracolait en tête de son groupe. Quand arrivait le printemps – c’était un handicap – les joueurs, pratiquement tous cultivateurs laissaient une bonne partie de leur énergie dans les travaux des champs. Ils cédaient alors la première place à une autre équipe. Ce qui s’est produit à cinq reprises en 2ème division de district !

DES JOUEURS DANS LE VISEUR DE CLUBS PROS …
Alors que le club évolue en division de District, Charles Saliou (Coadénec) signe un contrat de non sollicitation au Stade Rennais. En 1956, Raymond Even (Mabiliès), fin dribbleur, suit un stage au FC Nantes après avoir fait une bonne impression dans une sélection régionale qui joua un match amical à Tréguier contre Nantes. Christian Ollivier, gardien de but, a joué une saison au Stade Brestois avant d’être absorbé par son métier d’installateur de cheminées. Philippe Massot, nous l’avons déjà écrit, a été un excellent joueur de Ligue 2. Jean-Yves Mangard a fait partie de la sélection amateurs de la Ligue de l’Ouest à un moment où se disputaient les Interligues.

UN BUT D’ANTHOLOGIE…


Michel Porchou, défenseur, fait confiance à son gardien Rabier, auteur d’un arrêt spectaculaire lors d’un derby Perros-Louannec en 1974.

Match contre le Stade Lamballais à Louannec. Michel Porchou, arrière droit déborde et centre. Reprise de volée instantanée de Jean-Yves Mangard qui fait mouche. Un si beau but que les défenseurs lamballais eux-mêmes sous le charme applaudissent l’action ! Il faut dire que les visiteurs alors initiateurs d’un mouvement appelé « Football Progrès » étaient adeptes du beau jeu. L’un des leurs, d’ailleurs, Claude Trotel est devenu par la suite professeur de football à l’UEREPS de Rennes où sont formés les professeurs d’Education Physique. Combien de spectateurs parlent encore de ce fameux but !

PLUS POÉTIQUE !
Ce supporter inconditionnel habitait un lieu-dit du nom « Placenn ar Grouc’h » (= l’endroit de la potence). C’est à cet endroit que le Seigneur de Barac’h qui avait droit de justice, pendait les accusés jugés coupables. Emporté par le phénomène Louannec-Sports, le propriétaire des lieux baptisa sa maison : « Ty ar Meleganeg » (= la maison du Canari).

UN CINQUANTENAIRE DIGNEMENT FÊTÉ…
Ils sont venus de toute la France pour Louannec-Sports. Ils sont tous venus là, même ceux de Bordeaux et de Sète pour fêter les cinquante ans des Canaris. Certains ne s’étaient pas vus depuis des lustres, d’autres ne se reconnaissaient même plus. D’autres ont gardé la ligne de leurs 20 ans, mais pas les jambes. Sur le terrain, ils l’ont senti ! (Ouest-France, 2008)

SOUVENIR…

À LA BONNE FRANQUETTE…
Etant le plus proche voisin de Louis Bourdellès, il m’est souvent arrivé de m’asseoir sur le sac de plâtre et de l’accompagner pour tracer ces aires de jeu rustiques. J’avais 7 ou 8 ans. Ma participation – j’en étais fier – consistait à tenir la chaîne d’arpenteur pour délimiter l’aire de jeu avant que Louis passe les traits de plâtre. Une fois les buts montés, les bouses de vaches les plus fraîches étaient enlevées à la pelle. Une tonne à eau était apportée avec un abreuvoir où les joueurs feraient leurs ablutions après le match. Je me souviens d’une rencontre dans un pré, par un temps glacial, à côté de Coadénec où Louannec avait écrasé Minihy-Tréguier 13 à 1 ! C’était le temps des Becco Porchou, Yves Godé, Pierre Colin, Roger Adam, etc…


DANS LE CAR TARDIVEL…
Les déplacements donnaient lieu à des sorties festives. Le car Tardivel de Perros-Guirec ramassait sur son passage joueurs et supporters à Pont-ar-Saux, à Truzugal, au Bourg et à Mabiliès sous la bienveillante vigilance de dirigeants comme Francis Nédellec ou Alexandre Henry. Pour ceux qui n’avaient pas fait le déplacement, le retour se faisait dans l’attente fiévreuse des résultats. Et ce retour, malgré les faibles distances, se faisait parfois vers 22 ou 23 heures ! Il arrivait même que des supporters soient oubliés en route. Trois d’entre eux durent, une fois, rentrer de Bourbriac à pied ! Ils étaient allés goûter le cidre d’un de leurs amis. Même s’ils nous ont quittés et que, de là où ils sont, ils ne peuvent pas nous entendre, nous ne citerons pas leurs noms… Cette mésaventure n’avait pas échappé au barde de Nantouar, Jean Derrien, qui avait composé en leur honneur une chanson en breton bien enlevée…


RÈGLES DU JEU PAS ENCORE ASSIMILÉES…
Certains Louannécains découvraient le foot pour la première fois et trinquaient fort à la mi-temps. A la reprise, l’un de ces néo-supporters, voyant une de leurs idoles shooter dans l’autre sens de dire : « Il vaut autant rentrer à la maison. Becco est passé dans l’autre camp. Il joue maintenant avec les autres ! »


LE CLUB DES BÉRETS NOIRS…
Ils étaient un certain nombre, supporters ou pères de joueurs, à porter un béret si bien que Germain Darrort, Louis Crocq, Yves-Marie Daniel (dit Kérizout), Attilio Salvi et consorts furent appelés le Club des Bérets Noirs. Détournement de l’expression « Blousons noirs », jeunesse rebelle et sauvageons des années 60 !

Yves-Marie Daniel dit Kérizout faisait partie de ce „club“. (Caricature Len, Ouest-France)

AUTRE HISTOIRE DE BÉRET…
Le béret de M. Rivoallan, notre instituteur du Cours moyen, secrétaire du club. La tâche ne devait pas être insurmontable pour lui puisque Louannec-Sport compte alors à tout casser une trentaine de licenciés ! Le championnat des équipes B n’était pas encore réglementé et on pouvait y jouer sans licence. Bien souvent, évoluaient dans cette formation les premiers arrivés au stade. Qui pour rien au monde ne rendaient leur maillot au cas où arrivait un joueur meilleur qu’eux ! M. Rivoallan, donc, les lundis où Louannec avait perdu, était d’une humeur massacrante. Nous le savions, dès que nous mettions en rang pour rentrer en classe, à la façon dont le béret était mis sur sa tête. « Ce matin, vaut mieux se tenir à carreau !»

LES ENTRAÎNEURS…

Charles Darrort a été l’un des piliers de l’équipe fanion et même le capitaine. Très athlétique, il aurait pu évoluer avec autant de talent sur une piste de 400 mètres que sur un terrain de football. Il évoque les entraîneurs qu’il a connus tout au long de sa carrière.


Le geste conquérant de Charles Darrort au cours d’un match
Louannec vs l’Hermine de Concarneau. L’arrière-plan peut être considéré comme
un clin d’oeil à l’esprit de clocher qui animait les Canaris.

« Charles N’Doye – Charlie – c’était la classe… Un joueur exceptionnel qui nous est arrivé du Stade Rennais de façon inattendue par le biais de Jean-Claude Allain. En plus, c’était pour moi un excellent ami. Il nous a beaucoup apporté et, c’est grâce à lui, que nous avons réussi plusieurs accessions depuis la première division de district. Je me rappellerai toujours ce but de la tête qu’il a marqué à Rozan, le goal de l’AS Brestoise. »
Charlie n’a pas été entraîneur de l’équipe au sens propre du terme, mais son talent a tellement bonifié et tiré l’ensemble de l’équipe vers le haut qu’il mérite l’éloge de son coéquipier Charles Darrort.


Charles N’Doye.

« René Le Couey nous est venu du Stade Briochin. Un homme d’une grande correction qui jugeait bien les joueurs et les matches.


René Le Couey.

Il était très exigeant dans la préparation physique. On lui doit beaucoup aussi. Il aimait l’ambiance du club et il savait être très près de nous tous. »


« André Malouema qui venait de Berné avait fait illusion. Sa façon d’entraîner n’avait pas convaincu tout le monde. «Malou », comme on l’appelait, n’avait pas fini la saison. Il faut quand même reconnaître qu’il avait marqué quelques jolis buts. Ce fut l’année de ma blessure à la cheville assortie d’une rupture du tendon d’Achille. Malou qui avait eu des problèmes au genou m’avait prêté ses cannes. »
La carrière de Malouéma, ancien joueur de Sochaux, s’est terminée dans la rubrique des faits divers, condamné qu’il fut pour le meurtre de son épouse. Le footballeur congolais, écrivain à ses heures (il avait écrit « Un nègre dans la famille ») est décédé en 1995.


André Malouema.

Claude Pérard (ex-pro à Marseille).


Claude Pérard.

« Je me suis toujours bien entendu avec lui. Il nous laissait les coudées franches. Nous avions réussi une entrée fracassante en DH. Nous étions allés à Lorient leur passer quatre buts dont trois de Jean-Paul Le Fiblec. Nous étions revenus sans perdre de temps pour fêter cette ouverture au mariage de René Porchou à Kerreut. Dommage que nous n’ayons pas confirmé ce premier résultat par la suite. Le recrutement avait été un peu juste. » A noter que Claude Pérard a connu deux séquences bien distinctes comme entraîneur au club.


« Jean-Pierre Zérini. C’est lui qui m’a redonné confiance après ma blessure. Nous avions joué en Coupe à Saint-Brieuc où nous avions pris deux « pions » de ma faute. Jean-Pierre ne m’en avait pas tenu rigueur et il m’avait reconduit à mon poste le dimanche suivant. C’était bien reparti à nouveau. »


Jean-Pierre Zérini.

« Claude Petyt. Il nous fait d’entrée une grosse impression. Le jour de son arrivée, il nous avait fait un « speech » au Foyer. On a vu tout de suite qu’on avait affaire à quelqu’un qui connaissait bien son métier. Il était sec et autoritaire. Il n’admettait pas le moindre chahut à l’entraînement. Il tenait beaucoup à ce que les consignes soient appliquées. »
Rémi Le Maillot ajoute : « C’était un super entraîneur qui venait de Metz. Il était hors norme techniquement et tactiquement. Il jouait ailier gauche et faisait de supers centres au cordeau. Il montrait l’exemple sur le terrain. J’avais 16 ans et demi quand il m’a titularisé pour la première fois. C’était à Guingamp contre En Avant où nous avions gagné 2 à 1. »
Claude Petyt a été employé municipal à la commune en charge du camping. Aujourd’hui, il fait partie du staff des Girondins de Bordeaux.


Claude Petyt.

Yvon Carré revient à Louannec où il avait été joueur par le passé. Comme entraîneur cette fois : « Je l’aimais bien, dit Rémi Le Maillot. Il était très rigoureux. » Pour Jean-Yves Brient, Yvon « basait son entraînement surtout sur le physique » Yvon Carré se souvient : « J’avais un bon groupe avec Jean-Yves Brient bien sûr, Pierrot Lescouarc’h et des jeunes que j’avais fait monter en équipe fanion : Christophe Moullec, Yann Satie, les frères Le Maux (de Prat), Philippe Kerhervé de Pleumeur-Bodou). Un week-end, j’ai pris un gros coup sur la cafetière ! C’était un tournoi triangulaire à Cléguérec pour la montée en DSR. On a loupé la montée de peu. Pour une erreur bête : Pierrot Lescouarc’h tente un dribble dans nos propres six mètres et se fait piquer le ballon. But ! Du coup, c’est Dinard qui est monté en DSR… »


Yvon Carré.

Pierrot Lescouarc’h, ancien joueur de Dunkerque, vu par Jean-Yves Brient : « Louis Bourdellès l’avait recruté pour remonter le club. Avec lui, on travaillait beaucoup la possession de balle. On voyait qu’il avait eu l’expérience du football professionnel. »


Pierrot Lescouarc’h.

Christian Le Maillot a terminé vice-champion de DSR avec les Raphaël Dubouays, Patrick Rupert, Arnaud Salvi, Alain Le Balch, Philippe Le Bourdon, Rémi Le Bourdoulous, Christophe Royant, Rémi Le Maillot, Jean-Yves Brient. Il se souvient : « Nous avons battu le champion, le Stade Briochin chez lui (4 à 2). On avait fait un grand match. Jean-Yves Brient avait mystifié Patrice Carteron qui par la suite est devenu professionnel. »


Christian Le Maillot.

Parmi les forts joueurs qui ont évolué au club, Christian Le Maillot dit avoir apprécié des gars comme Guy Mordellès et Christian Pezron, joueurs très collectifs et débordants d’activité sur le terrain.


Alain Le Balch, professeur d’EPS, relate de ses trois saisons passées à Louannec, le souvenir de certaines valeurs propres au club : « Il y a là une forte identité, un aspect culturel prégnant et des valeurs ancrées dans le milieu de vie louannécain. Beaucoup de convivialité, de sacrés joueurs comme Jean-Yves Brient, capables d’exploits individuels. Ma première saison, on jouait la montée en DH avec Perros. Jusqu’en avril. Quelques joueurs ont alors donné la préférence aux sports d’hiver, ce qui a plombé notre parcours. »


Alain Le Balch.

Alain garde aussi le souvenir d’un match contre le Stade Briochin à Louannec en Coupe de France : « Nous étions mené 3 à 0 à la mi-temps et nous sommes remontés à 3 à 2. Jean-Yves Brient avait donné le tournis à Carteron et à Sattora qui avait même été expulsé ! »


Yvan Le Quéré a mené le club vers une belle aventure en Coupe de France en 1994, sous la présidence de Michel Omnès. Aventure qui s’est terminée au 8è tour, à Perros-Guirec face au Stage Briochin (0 à 5), qui évoluait alors en Ligue 2. Jean-Yves Brient dit de lui : « Yvan était un bon entraîneur. Tout était basé sur le ballon, sur le collectif. Il avait un bon sens tactique et il savait mettre en place des situations par rapport à l’adversaire. »


Yvan Le Quéré.

Raphaël Beauvillain revient comme entraîneur au club où il a fait ses premiers dribbles. Minime talentueux, il signe à En Avant de Guingamp tout en poursuivant ses études en Sports Etudes Football au Lycée Brétigny de Rennes. Après avoir joué quelques matches en Ligue 2 sous le maillot de Guingamp, il préfère plutôt que de passer pro assurer son avenir par le biais des études. Il suit une formation d’ingénieur à l’Enssat Lannion et intègre Alcatel (aujourd’hui Nokia). Après deux saisons en D4, il revient comme joueur à Louannec. « Rapha » explique : « C’est Bernard Salvi qui m’a proposé le poste d’entraîneur. Sans grands moyens, ce qui posait problème pour les déplacements, on a fait deux saisons correctes. La troisième a été galère suite aux départs de Samuel Abalam, d’Alexandre Prat, de David Hamel et suite à une période de flottement au niveau de la présidence. »


Raphaël Beauvillain.

Tony Laplagne a été le dernier entraîneur de Louannec-Sports. Ancien joueur de l’AS Tréguier, éducateur au Lycée agricole de Pommerit-Jaudy, Tony Laplagne est venu à Louannec à la demande de René Rolland qui en garde un très bon souvenir : « C’était un gars bien. Il a fait du très bon boulot au club »

LEUR MATCH DE RÉFÉRENCE…

J’ai interrogé des joueurs de chaque génération leur demandant quel match ils garderaient en mémoire s’ils ne devaient retenir qu’un seul. En se livrant à cet exercice, je me suis rendu compte que le philosophe a eu raison d’écrire : la mémoire est une faculté qui oublie.

Yves Pezron, 86 ans maintenant, père de Christian, était un excellent joueur de tête. Il était très physique et se montrait à son avantage sur les terrains gras : « Je ne me souviens plus très bien contre quelle équipe de l’intérieur c’était. Je crois que c’était Callac. Je suis sûr que c’était un match de coupe et qu’avant le match, nos adversaires se moquaient de nous en disant fort : Aujourd’hui, il n’y aura pas de prolongations ! Quand j’ai marqué le premier but, j’ai dit aux défenseurs : Voilà pour vos prolongations ! Tout de suite après, Raymond Saliou marquait un deuxième but. Ca leur a rabaissé le caquet ! »

Yves Pezron. (photo Charles-Yves Godé)

René Rolland : « La qualification contre l’AS Brestoise évidemment. On était en première division de district et on bat l’une des meilleures équipes amateurs de France. On a été présents sur l’homme et on a mérité notre victoire. Lors de la présentation des joueurs, Pierre Symoneaux disait pour chacun d’entre nous : né et formé à Louannec. Ce qui était vrai pour la plupart d’entre nous. Il a même dit ça pour Charlie (N’Doye). Ce qui a déclenché un fou rire parce que tout le monde savait que Charlie venait du Stade Rennais ! On avait tout fait pour accueillir un maximum de spectateurs. On avait installé des charrettes de l’autre côté du mur dans l’actuel terrain annexe ! »


Yves Colin : « La montée en DH, c’était important pour le club. Pour moi, c’est donc la victoire à Louannec contre Le Mans. Je déborde sur la droite, je centre sur Gérard Quilin qui marque. Je ne m’en souviens pas beaucoup plus, tu sais. » Cette année-là, Yves, joueur très opportuniste, est le meilleur buteur du club. Un article du Télégramme qui lui est consacré titre : « Monsieur un but par match ». J’ai encore lu quelque part : « Le Skoblar louannécain », en référence à Josip, l’opportuniste attaquant marseillais.


Guy Mordellès : « J’ai commencé à jouer en première en cadet 2. Je devais être junior quand on a joué contre le Stade Paimpolais de Garandel. Je pense que c’était en DSR. J’avais marqué ce jour-là quatre ou cinq buts ! »


Jean-Yves Brient : meilleur buteur de la DSR, a été très courtisé par En Avant de Guingamp où tous les observateurs pensent qu’il aurait réussi à s’imposer. Mais, comme le bigorneau accroché à son rocher, il est resté fidèle à ses couleurs.

Le match dont il garde le meilleur souvenir est celui contre Lanester, en 1994, au 7ème tour de la Coupe de France : « C’était un match de folie à Louannec avec 1200 spectateurs. Il y avait des binious et des bombardes. On gagne 2 à 0. Je crois que je marque le premier but. »… Pas tout à fait exact, Jean-Yves, ta mémoire t’a trompé car le premier but a été marqué par Youn Le Quéré sur coup franc et le second, par toi, d’un tir croisé !
Avant de recevoir Lanester, match que retient Jean-Yves Brient. Les Louannecains, entraînés par Yvan Le Quéré, réalisent une belle performance.
Jean-Yves, au sujet de qui Rémi Le Maillot dit : « J’ai rarement vu un joueur aller aussi vite tout en restant collectif. Après toute une série de dribbles, il savait donner le ballon. C’était facile de jouer avant-centre avec lui tant il distribuait des caviars. »



Rémi Le Maillot : « Pour moi, c’est un match de DH contre Morlaix à Louannec devant près de 3000 spectateurs. A la mi-temps, on était menés 3 à 1. Ce n’était pas du goût de Claude Petyt qui, en rentrant au vestiaire, a balancé par terre toutes les bouteilles d’eau que le soigneur (Jos Robin) avait mises sur la table de massage. Ecoutez les gars, nous a-t-il crié, vous avez vu tout le monde qu’il y a dans le stade. Pour qui vont-ils nous prendre ? Vous avez intérêt à faire mieux ! En deuxième mi-temps, nous étions transfigurés. Nous avons gagné 4 à 3 ! »


Yann Guiomar, 32 ans, est un peu le gardien du temple aujourd’hui. Il est entré en équipe fanion pour les deux dernières années de la vie de Louannec-Sports et il est toujours là avec l’Entente, quatorze années après, en tant que capitaine.

Ce Camlézien, n°6 défensif, a fait ses débuts au club voisin de Rudonou. « Personnellement, j’ai le souvenir de deux coups francs que j’ai marqués à huit jours d’intervalle à Hénanbihen, je crois, et à Grâces. J’y ai connu deux entraîneurs, Yvon Carré puis Tony Laplagne. Pour moi, la référence à Louannec, c’est Jean-Yves Brient bien que je n’aie pas eu la chance de jouer avec lui. De mes coéquipiers, j’ai été assez impressionné par Christian Lagrée qui était un battant. » commente Yann qui, dans la vie de tous les jours, est commercial en menuiseries.


TENNIS DE TABLE : DEUX ÉQUIPES EN NATIONALE

Jusqu’à la fin des années 60, tout louannécain est footballeur. Dans les années 70, suite à la première vague d’arrivants sur la commune, de nouvelles associations sportives se créent dans un climat politique local assez tendu. L’opposition droite-gauche est frontale. La création de l’ARAL (club des retraités), de l’AL Tennis de Table, de l’AL Cyclotourisme et de l’AL Hand-Ball sont considérées comme des initiatives émanant de la gauche. La municipalité en place répond du tac au tac en créant l’école de gymnastique, le club de tennis et l’école de voile…
En 1976, le club de tennis de table qui a connu une première vie en 1964, renaît sous l’égide de l’Amicale Laïque. C’est l’affaire de Louis Le Martret et de Jean-Paul Simon. Par bonheur, ils récupèrent François Le Levier, ex-joueur de Nationale à l’ASPTT Lannion, qui accepte de repartir au plus bas de la hiérarchie départementale avec sa nouvelle équipe. Le club gravit les échelons sans aucun mal.


François Le Levier était sollicité par les meilleurs clubs bretons.
Il a préféré signer au club de Louannec qui était en train de se créer
au moment où il faisait construire à Mabiliès.

Lécole de tennis de table en 1978.

Passage au niveau régional avec la précieuse signature de Jeannot Mercier, l’un des meilleurs joueurs de Bretagne et aussi entraîneur, et aussi celles d’Erick Potin et de Vincent Le Moal. Les matches ont lieu le dimanche matin dans la salle de jeux du Camping. Un véritable chaudron. Comment fait-on pour y installer deux tables et loger souvent plus d’une centaine de spectateurs enthousiastes ? Les équipes adverses n’en croient pas leurs. Une pause est faite sur le coup de 10h30 pour rafraîchissements. L’équipe poursuit sereinement sa progression jusqu’à la nationale.


Caricature des joueurs de L’AL Louannec par Glorion, parue dans le Trégor en 1980.
Avec de gauche à droite: Jean-Paul Simon, Francois Le Levier, Jeannot Mercier,
Jacky Mercier, Christian Nédellec, André Crenn et Bernard Salvi.

Roland Geffroy -deux mandats de maire à Saint-Quay-Perros et dirigeant très actif du club- commente la phase « nationale » et la période Entente avec le TTCG Perros : Au cours des années 80, sans abandonner l’objectif de relancer l’ascension de son équipe fanion masculine qui butte sur la Régionale 2 et tout en poursuivant ses actions en faveur de l’animation conviviale au sein de la commune (tournois, groupes loisirs, « gentlemen », sorties familiales), l’effort principal se porte sur le développement et de la structuration de l’école de tennis de table. Le précieux renfort de Jeannot Mercier produit ses effets en quelques saisons et le club de « ping » de Louannec élève son école de tennis de table au meilleur niveau des clubs bretons. Rapidement, ce vivier est reconnu et plusieurs éléments montent même sur les podiums aux championnats de France : Sandrine Simon (argent en minimes et bronze en cadettes), Solenn Salaun (argent en minimes), Katell Turpin (bronze en cadettes) et deux sélections en équipe de France jeunes tandis que, en garçons, Kevin Mercier obtient un titre de champion de France benjamins. Dès 1985, un premier challenge « Tirel » (trophée remis au meilleur club formateur de Bretagne) récompense les efforts fournis par une équipe d’entraîneurs bénévoles qui s’étoffe au fil des années. Deux autres victoires suivront et, honneur insigne, Louannec TT se voit décerner le challenge « Tirel » à titre définitif en 1994 !
Ces résultats interpellent la ligue de Bretagne qui encourage la création d’une Section Sports Etudes au Collège Charles Le Goffic de Lannion où sont regroupés les meilleurs espoirs trégorrois.

Par équipes, en bonne partie grâce à des jeunes formés au club, l’AL Louannec atteint en 1987 le niveau national. Chez les féminines, avec Sandrine Simon, Morgane Lochou, Clara Morvan et Gwen Turpin, l’équipe a une moyenne d’âge de 15 ans et de l’ambition à revendre ! Et « comme un bonheur n’arrive jamais seul », la même année, les garçons accèdent aussi au niveau national avec des « anciens » bien sûr : François Le Levier, Jeannot Mercier, Erick Potin, Vincent Le Moal, mais aussi avec l’appoint de deux cadets : Jérôme Le Contellec et Frédéric Geffroy.


Jeannot Mercier.

Les saisons 87/88 et 88/89 voient tous les quinze jours, les matches couplés de Nationale 4 accueillir au Foyer ou au Centre de Loisirs entre 100 et 200 spectateurs venus passer une bonne soirée en appréciant le suspense et le beau jeu tout en gardant des yeux de Chimène pour ses favoris(tes). Au grand dam des adversaires souvent médusés et parfois déstabilisés par l’ambiance enthousiaste ! Si les garçons reviennent au niveau régional au bout de deux années, les filles, elles, tiennent cinq ans en Nationale avec à la clef un titre de championnes de France de Nationale 4 en 1990 et deux saisons dans l’élite de Nationale 1.


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Mais on le sait, les bons résultats augmentent les dépenses. Les dirigeants doivent constamment se battre pour équilibrer le budget en quémandant l’aide du Département qui complète parfois le soutien indéfectible de la commune avec Jean-Pierre Morvan comme avocat de la défense et le précieux apport des mécènes locaux (Institut Pascal, Centre Leclerc, « Le Village »). Malgré tous ces efforts, il faut quand même lancer en septembre 1994, un « emprunt populaire » auprès des dirigeants et des supporters du club qui permet de franchir le gué. Initiative exceptionnelle !
Pour réaliser pendant une quinzaine d’années des dizaines de milliers de kilomètres par an (parfois plus que les 40 000 kilomètres du tour de la Terre !), le club fait l’acquisition d’un premier véhicule en 1987, puis d’un second quelques années plus tard, les « trafics » faisant ainsi connaître Louannec à travers toute la France. Une épopée !
Aux championnats des Côtes d’Armor, Louannec fait régulièrement une moisson impressionnante de victoires et de podiums pendant cette même période (1985-2000). Certaines années, le club remporte plus de la moitié des titres tant chez les jeunes que chez les seniors : 13 titres en 1995 sur les 20 décernés !
En 1989, pour permettre une Entente immédiatement opérationnelle avec le TTCG Perros afin de former une équipe fanion masculine capable de viser une accession rapide en nationale, le club qui était une section de l’Amicale laïque prend son indépendance pour devenir Louannec TT. Pari réussi dès la première saison avec la Nationale 2 au bout des raquettes trégorroises. Un bel exemple de capacité à fédérer les talents autour du joueur de base de l’époque : Marc Le Penven (TTCG) qui est en 1990, champion de France UFOLEP sous les couleurs de Louannec TT !
De retour au bercail, les Louannécains avec Vincent Le Moal, Jeannot Mercier et la jeune génération : Fred Geffroy, les frères Augès, Jean-Louis Geffroy puis Kévin Mercier entament une nouvelle montée vers les sommets. Ils accèdent une nouvelle fois à la Nationale 2 en 1994. Et là encore les filles sont au rendez-vous de la Nationale avec une équipe rajeunie autour de Clara Morvan et de Katell Turpin avec l’apport des sœurs Salaun, Rozenn et Solenn.
Même s’il faut parfois repasser par le purgatoire de la Régionale 1, cette nouvelle épopée dure six ans avec le même engouement d’un public toujours aussi fidèle au Centre de loisirs. Cette période connaît aussi une deuxième entente avec le TTCG Perros, un brillant parcours en Coupe d’Europe « Wack Sport » et bien sûr de nombreux titres départementaux et régionaux.
Pendant toute cette période d’une vingtaine d’années, le club a des effectifs qui dépassent les 100 licenciés. Il est capable de proposer à parité avec le foot la pratique d’un sport aux jeunes de Louannec et aussi d’accueillir les « espoirs » des communes voisines et de nombreux dirigeants et entraîneurs… non louannécains.


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Quelques grands principes ont marqué la réussite du club : souci de la formation, recherche de l’élite sans oublier la base, le bénévolat sans mesurer son temps et la convivialité.
Dès 1987, le club se dote d’un journal (autofinancé par la publicité et « fait main » pendant cinq ans – Salut Henri !) qui sort pendant une quinzaine d’années à raison d’un par trimestre. Les secrétaires successifs de Louannec TT (Jean-Paul Simon, Roland Geffroy et Pierre Salaun) tiennent la rubrique Tennis de Table dans Le Trégor assurant ainsi la promotion d’un sport au départ assez confidentiel. Les responsables du club tiennent aussi toute leur place dans les instances dirigeantes de leur sport. Jo Paugam devient le Président du Comité des Côtes d’Armor. Jean-Paul Simon, élu à la ligue de Bretagne, est Rédacteur en chef adjoint de la revue fédérale « France Tennis de Table » pendant vingt ans. Le club montre aussi ses capacités d’organisation en accueillant à plusieurs reprises les Régionaux UFOLEP, les Critériums départementaux; le Trophée Burgiard, les Interclubs, le Challenge Bernard Jeu. Toute la fine fleur du tennis de table breton est venue un jour ou l’autre à Louannec !
A partir de 1997, une page se tourne dans l’histoire du club qui commence à souffrir d’une baisse du bénévolat. Une première fusion est mise en place avec le club de Plouaret, puis avec l’ASPTT Lannion. Le nouveau club embauche des professionnels pour assurer une partie de plus eu plus importante des entraînements… Et pourtant, l’âge d’or du club se termine et les deux générations glorieuses des deux décennies ne sont pas remplacées.

DERNIÈRE VAGUE DE CHAMPIONNES

Le club de Louannec a toujours été reconnu pour la qualité de ses pongistes féminines. Les dernières pépites de son histoire ont été Eloïse Corre, Audrey Le Morvan, Gwénaëlle Cousyn et les soeurs Quélin. Eloïse a été une parfaite équipière à tous les niveaux où elle a évolué. Elle a remporté deux titres de championne de Bretagne : en cadettes et en juniors. Du coup, elle a été repérée par le club pro de Quimper où elle a signé. Après une belle carrière à Louannec, la jeune Audrey a trouvé dans le handisport un terrain où faire éclater ses qualités. Elle a participé à trois jeux Paralympiques : Athènes (2004), Pékin (2008), Londres (2012) et à deux championnats du Monde : en Suisse (2006) et en Corée du Sud (2010). Mise sous les projecteurs de l’actualité, elle a été élue, en 2005, la Trégorroise de l’année. « J’ai trouvé dans le club de Louannec, nous dit-elle, une bonne intégration. Ce parcours, je le dois à mes entraîneurs : Louis Le Martret, Michel Turpin, Clara Morvan et Michel Machomet. »


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Gwénaëlle Cousyn et les soeurs Quélen : Andréa et Loriane ont aussi bataillé sur des tables de Nationale. Au fait, ce groupe garde un très fort souvenir d’une épreuve qui leur a souri. A Mèze, en minimes et à Vichy, en cadettes, les filles ont été vice-championnes de France Interclubs. Les temps ont changé. En 2016, le nom de Louannec ne figure qu’une seule fois dans les résultats des critériums départementaux. La balle de Celluloïd ne tourne plus aussi rond dans la cité de Picou. Aujourd’hui, on ne compterait plus qu’une dizaine de licenciés. Mais il reste de beaux souvenirs…

« LE PLUS BEAU JOUR DE MA VIE… »

Un des meilleurs joueurs de l’équipe de France handisport me disait : « Le plus beau jour de ma vie, ça a été mon accident de moto où j’ai eu une jambe sectionnée… » Ce blessé de la route avait privilégié le tennis de table pour sa rééducation. Il est devenu l’un des meilleurs mondiaux dans sa catégorie. Son propos peut donner froid dans le dos !

ILS ONT ÉTÉ PRÉSIDENTS DU CLUB…

Se sont succédé à la présidence Louis Le Martret, Pierre Cojean, Roland Geffroy, Michel Turpin, Jean Mercier, Jean- Jacques Cousyn, Pierre Vayssié, Christian Corre, Michel Quélin, Damien Gonzalez. Le maire, Gervais Egault a joué dans une des équipes.
En 2003, le club a fusionné avec Plouaret et en 2007 avec l’ASPTT Lannion.

SOUVENIR…

UNE DISCIPLINE EXIGEANTE…

A Mulhouse, en 2003, Agathe Costes est vice-championne de France seniors sous le regard de son frère Arnaud, alors international de rugby. Alors qu’Agathe monte sur le podium, le rugbyman me dit : « Je suis admiratif du travail que ma sœur a dû faire pour arriver là. Près de 20 heures d’entraînement par semaine depuis plusieurs années après avoir commencé à jouer en club à 7 ou 8 ans. Moi, je suis arrivé au rugby à 16 ans. Comme j’étais assez costaud, j’ai franchi les différentes étapes de progression jusqu’à l’équipe de France. »


Les pongistes de Louannec ont inspiré deux auteurs : Kris et Eric T.
et un dessinateur et coloriste Nicoby dans la BD “ Les ensembles contraires“
comme le témoigne cette planche…

SOUVENIR…

DANS LE CHAUDRON DE LA SALLE DU CAMPING…

Bien qu’habitant à Guingamp, je faisais en sorte de ne manquer aucun match des pongistes de Louannec dans les années 80. Quelle ambiance ! Les rencontres avaient une saveur particulière, dans une salle du camping surchauffée. Impossible, ou presque, pour les visiteurs de dicter leur loi aux Louannécains. De véritables figures, soutenues bruyamment par un public accoutumé à vivre les parties comme un match de foot. A chaque point important des François Le Levier, Jeannot Mercier ou Erick Potin, les applaudissements étaient accompagnés de commentaires, rappelant qui était le patron. Surtout lorsque l’adversaire du jour était le voisin et « ennemi » perrosien. Ce zeste de chauvinisme donnait un surcroît de motivation aux gars du cru. A la vue d’un Jeannot Mercier serrant les poings après un top rageur, Jean-Paul Simon trouvait la concentration pour placer une attaque imparable. A ces joueurs de tempérament, plusieurs fois titrés au niveau régional, est venu se joindre Vincent Le Moal, un pongiste au toucher de balle incomparable… et une forte tête. Les arbitres se contentaient, alors, de marquer les points. On avait pourtant changé de salle. Mais, au Foyer rural, l’ambiance restait chaude. (Jean-Michel Jouan, journaliste à Ouest-France)


AUTRES DISCIPLINES SPORTIVES ET ACTIVITÉS DE LOISIRS

GYMNASTIQUE


Les Sternes dans les années 70… Et de nos jours.

Le club municipal de gymnastique, les Sternes, a été créé par Elisabeth Guéziec. On peut applaudir à la fidélité et la constance d’Elizabeth toujours présente dans une association sur le point de souffler ses quarante bougies. Le club recueille un succès de fréquentation et attire surtout des éléments féminins : jeunes Louannécaines et camarades des communes voisines. Cette association, affiliée à une fédération affinitaire, obtient de bons résultats au niveau départemental et régional.

CYCLOTOURISME


Sortie à Huelgoat en 1978.

Le club cyclotouriste a vu le jour en 1976. Michel Darrort a été le premier président. L’activité a perduré depuis. Saluons la récente performance de trois Louannécains (Benoît Saliou, Michel Gallais et Rémi Hamelin) qui ont réalisé avec succès Paris-Brest-Paris. Actuellement, une vingtaine de cyclos sillonnent régulièrement les routes du Trégor.

TENNIS


Initiation au cours de tennis sur un des 2 courts, derrière la mairie.

Marcel Guéziec est le premier président du club. Les deux courts aménagés auprès de la Mairie sont très occupés. Un autre servira au club dans la salle omnisports. Des cours sont dispensés. Le tournoi annuel d’été devient une date incontournable dans le calendrier sportif de la commune. Cette saison, l’association que préside David Landais, annonce son record de licenciés : 98 adhérents.

HANDBALL


L’équipe de handball louannécaine, en 1976.

Le handball a eu une première vie à Louannec grâce au regretté Pierre Cabot qui crée le club en 1976 sous l’égide de l’Amicale Laïque. Ce professeur de chaudronnerie au Lycée de Lannion, trouve des relais auprès de jeunes de la commune comme Jean-Marc Fabre. Le handball renaît dans la commune en 1991 sous le nom de Mell Zorn. Il évolue au niveau départemental où il aligne 6 équipes. Il fait preuve d’un réel dynamisme si l’on juge par la qualité de son site Internet. Le bureau directeur est présidé par Olivier Le Méléder.

ÉCOLE DE VOILE

Annexée au Camping, l’école de voile s’adresse surtout aux résidents en été et aux enfants désireux de s’initier au sport de voile sur optimists, catamarans, kayaks, planchers à voile. De nombreuses écoles de la région parisienne sont venues sur le plan d’eau du Lenn dans le cadre des classes de mer. Des éducateurs brevetés d’Etat enseignent à temps partiel sous la direction de Philippe Le Menn. Sur ce plan d’eau se sont déroulés, le 9 mars 2016, les championnats de France universitaires de canoë-kayak (épreuves en ligne)


L’école de voile. Le Lenn.

Plus récemment, de nouvelles associations de loisirs ont vu le jour : Danse Passion qui annonce 47 couples inscrits ; la Gavotte louannécaine (une trentaine d’adhérents) dont le but est d’enseigner les danses bretonnes et l’histoire culturelle ; Trégor véhicules anciens présidée par Gilles Le Calvez ; le club de tarot ; Baby gym ; la chorale des Voix liées ; le club théâtre des Louannigous ; « Ateliers et chemins » qui propose couture, tricot et marche ; les anciens combattants de l’UNC Louannec-Kermaria- Trélévern ; l’AGEL ( Association Gymnastiique d’Entretien Louannec) que préside Annie Le Bellec, annonce 93 adhérents ; Bad’Loisirs (club de badminton) regroupe une soixantaine d’adhérents ; le CAL (Comité d’Animation de Louannec) ; l’école de musique ; les ateliers peinture pour enfants.
Ce tissu associatif très dense et à large palette est devenu aux yeux de certains un plus dans le choix de venir vivre et s’installer à Louannec. « Compte tenu de ce nombre important d’associations, il nous faut jongler avec les salles pour trouver des créneaux pour tout le monde, précise Pierre Vayssié, maire-adjoint. Nous sommes parfois obligés de faire des choix et des arbitrages. »

Des solutions nouvelles se présentent à l’adjoint au maire délégué aux sports avec l’ouverture de la salle omnisports du Carpont. L’inauguration a eu lieu le 25 juin 2016. Cette imposante construction est en fait une extension de la salle initiale qui date de la fin des années 80, François Nicolas étant maire et René Rolland le porteur de ce projet. La nouvelle salle, équipée pour le volley-ball, le badminton et le tennis, compte deux aires de jeu et une tribune de 120 places. Outre les cadres des différentes associations, les éducateurs des Temps d’activités périscolaires et ceux des activités intercommunales trouveront d’excellentes conditions pour exercer leur travail puisque la capacité maximale d’accueil de cette extension est de 294 pratiquants.
Cette réalisation est à mettre au crédit de l’équipe municipale conduite par Gervais Egault, élu maire en 2014.


La nouvelle salle omnisports de la commune, inaugurée en juin 2016.

JEUX ET ACTIVITÉS D’HIER

ON NE PERD PAS LA BOULE…


(Photo Louis-Claude Duchesne, Ouest-France)

Autrefois, il y avait à Louannec une multitude de cafés : un pour 64 habitants ! Dans chacun d’entre eux, il y avait une allée de boules où, au moins une fois l’an, était organisé un concours. Souvent on traînait avant de procéder au tirage au sort : plus l’attente était longue, plus les boulistes vidaient quelques verres ! Business is business…
Il y avait aussi des concours communaux, plus importants ceux-là, organisés pat le Comité des fêtes. Le plus souvent, à l’organisation, on trouvait Amédée Le Maillot. Il y a eu différents endroits où ont été aménagées les allées. On a vu dans les années 50 des allées dans la cour de l’école tandis qu’il y avait bal dans l’une des classes.
Ensuite, on s’est dirigé vers la place qui se trouve devant le Foyer. Puis, vers le Stade municipal où les aires de jeu étaient aménagées le long de la main courante. Les derniers concours communaux ont eu lieu au camping municipal.
Dans le secteur, la manifestation bouliste de référence était le grand concours de Lannion en quadrettes (par équipes de 4 joueurs). Le champion incontesté était Paul L’Hévéder, un fin tireur, instituteur à Saint-Michel en Grève. Jean-Marie Le Gall, de Petit-Camp, faisait souvent partie de son équipe.
On dit que beaucoup de jeunes de talent sont en train de prendre la relève. L’activité bouliste s’est organisée. Elle a ses instances, un comité départemental. Elle s’est codifiée en rédigeant des statuts et des règles officielles.
Dans son livre « Picou, fils de son père », Edouard Ollivro a consacré tout un chapitre au jeu de boules. Son jeune héros casse la baraque au grand concours communal, battant en finale la quadrette « La Bidoche »…

COURSES CYCLISTES « SAUVAGES »…
Dans mon jeune âge, le Comité des fêtes organisait des courses cyclistes « sauvages » qu’on appelait le « Tour du Croajou » On peut se demander aujourd’hui comment des organisateurs pouvaient lancer sur la route un peloton aussi hétéroclite. Certains concurrents avaient des vélos de course, d’autres des demi-courses, d’autres des routiers. Et tout ceci sans aucune couverture assurance ! Il faut dire qu’à l’époque, rares étaient les voitures à circuler dans la commune. Le départ était donné au bourg. Les coureurs filaient vers Mabiliès, puis Pen-ar-C’hoat pour revenir au Bourg. Une vingtaine ou une trentaine de tours à boucler. Parmi les lauréats, je me souviens de Louis L’Hévéder, Yves Le Jannou, Yves Morin… Une belle journée pour nous, les enfants, qui croyions vivre une étape du Tour de France !


Départ de la course cycliste, en 1952.
Louis L’Hévéder, maillot noir et lunettes dans les cheveux, se souvient
d’avoir gagné cette course cycliste communale.

LA LUTTE BRETONNE…
Mabiliès, quartier de Louannec, a été un haut lieu de luttes bretonnes. De 1920 à 1960, le deuxième dimanche d’août, on y a fêté le Pardon ! Certes, le terme n’est pas approprié à ce qui était tout simplement une fête profane. Le Mabiliès d’alors est un tout petit hameau d’une dizaine de maisons. La gare de chemin de fer, étape sur la ligne Lannion-Tréguier, est le poumon du quartier. Alentour, une ferme, celle de Pierre Bourdellès, maire de la commune. Une entreprise de battage, celle de Jean Le Garrec. Un débit de boissons, celui de René Simon. Un commerce de produits de la terre er d’engrais, celui d’Auguste Adam qui emploie cinq ouvriers. Rien à voir avec l’actuel quartier : ses 122 maisons et ses 300 résidents ! Le pardon de Mabiliès, c’était une initiative d’Auguste Adam. Ce sens de l’organisation de manifestations avait valu à ce conseiller municipal d’être le président du comité des fêtes de la commune. Dès les années 30, Auguste a remarqué l’intérêt que portent les jeunes ruraux envers la lutte bretonne.
Serge Falézan, spécialiste des sports bretons, précise : « Auguste a créé le premier club officiel de lutte bretonne du département qui comptait une quinzaine de lutteurs. C’était le CAM, Club Athlétique de Mabiliès » Les noms des champions louannécains restés dans les mémoires trégorroises sont ceux de « Titig » Trémel et ses deux fils Pierre et Victor, « Yffig » Rolland (Roc’h Wenn) qui a inscrit son nom au palmarès des champions de Bretagne. Les tournois de Mabiliès étaient si bien organisés que le Docteur
Cotonnec, président-fondateur de la FALSAB (1930) fait d’Auguste Adam le vice-président de la Fédération. Nous autres, les enfants du hameau des années 50, nous attendions le « Pardon » avec autant d’impatience qu’à cet âge on attend Noël. Pour le jour de la fête, le grand hangar était nettoyé et aménagé pour le bal. « Certaines années, nous avons fait plus de 1.000 entrées »
m’a dit Roger Adam. Sur le champ du tournoi, trois pistes circulaires étaient tracées et recouvertes d’une épaisse couche de sciure de bois. Des mâts surmontés du drapeau tricolore et du drapeau « gwenn a du » étaient plantés aux abords de l’entrée. Avant de combattre, les lutteurs défilaient pieds nus sur les chaumes piquants – ce qui nous impressionnait-, puis ils prêtaient serment : « Je jure de lutter en toute loyauté, sans traitrise, sans brutalité, pour mon honneur et celui de mon pays. En témoignage de ma sincérité et pour suivre la coutume de mes ancêtres, je tends à mon émule et ma main et ma joue »



Un lutteur retenait l’attention plus que tout autre : Yves Vaucher. Une force de la nature ! Poids lourd au cou de taureau et aux muscles d’acier. Inamovible champion de Bretagne et plusieurs fois champion Inter-celtique à l’issue de tournois disputés Outre Manche.
Pierre Symoneaux a assuré l’animation de cette journée à plusieurs reprises : « C’était impressionnant. D’abord à cause du nombre de spectateurs qui venaient là. C’était une fête rustique, une fête de la paysannerie bretonne dans une ambiance extraordinaire ».


JEUX DE FORCE…
Le soir venu, les « gros bras », les costauds de la commune et des environs se mesuraient dans des épreuves comme le lever de perche, le tir à la corde, le lever de civière, le « bazh a benn » (le bâton face à face), autant de jeux attestés depuis le Moyen-Age.

Le lever de perche. Il s’agit de lever à la verticale une perche de 5 à 6 mètres. Lorsqu’il faut départager les concurrents, on leste la perche à son extrémité en y accrochant des poids.



Le tir à la corde. Un jeu plus classique, qu’on a pu voir à la télévision lors des rencontres Intervilles.

Le lever de civière. Sur une sorte de brouette sans roue sont entassés des sacs de sable. Le vainqueur est celui qui soulève le plus grand nombre.



Le « bazh a benn » (le bâton face à face). Deux concurrents portés chacun par 4 personnes, tiennent un bâton chacun à son extrémité. Le gagnant est celui qui tire le bâton à soi.


Le peintre Marcel Le Toiser a peint une représentation très réaliste du « bazh a benn » sur un tableau qui décore le Foyer Rural. La forme du bâton à ses extrémités est critiquable sur ce document si l’on se réfère à la façon dont se déroulait le jeu à Louannec.

SANS ÉCHAUFFEMENT…
Autre animation qui, avec le recul, nous fait dire qu’elle présentait un danger. Les jours de fête, au stade municipal, était organisée une course à pied des plus de 60 ans. Ceux-ci, qui sortaient de table après un repas arrosé, couraient endimanchés, avec leurs chaussures de ville, sans aucun échauffement préalable ! Leur robuste constitution, l’habitude de s’affronter à de durs travaux ont fait qu’heureusement aucun accident cardiaque n’est arrivé…


DES JEUX CONTESTABLES…
« Lipat ar gleurc’h » ou « lécher la plaque à faire des crêpes ». Cette plaque, pendant au bout d’une ficelle, était enduite d’une sorte de graisse, sur laquelle étaient plaquées des pièces de monnaie. Le jeu consistait à faire tomber les pièces qui devenaient la propriété des concurrents. Au final, les « habits du dimanche » -comme on disait alors- étaient dans un triste état.
Dénicher les nids était une des occupations favorites des écoliers que nous étions. Les meilleurs dénicheurs avaient des colliers d’œufs de plus de cinq mètres : œufs de merles, de grives, de pies, de corbeaux, de geais, de pigeons, de tourterelles, de poules d’eau… Un jeu de massacre qui n’interpellait personne à l’époque. LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) et Ecologie, où étiez-vous ?

ENCORE PLUS BARBARE !
« Dic’hougan ar c’hog » ou « Décapiter le coq ». Un coq bien vivant, à la crête rouge et à l’œil vif, était pendu à une corde la tête en bas à deux mètres du sol. Aux concurrents, armés d’un gourdin et aux yeux bandés, étaient imposés quelques tours sur eux-mêmes pour les « saouler », avant d’être véhiculés dans une charrette à bras… L’objectif était de décapiter le coq. Celui qui réussissait à écourter l’agonie de l’animal sanguinolent l’emportait chez lui pour le mettre à la casserole. Cette épreuve était proposée à la fin des années 50 dans le stade municipal, les jours de fête. SPA (Société Protectrice des Animaux), où étais-tu ?


Il y avait aussi le mât de cocagne auquel ne pouvait prétendre que les plus habiles –dénicheurs de nids au printemps- tant le mât sur lequel il fallait grimper était enduit de savon.


La course en sac était une épreuve habituelle au programme des festivités.

La petite commune de Pouldouran perpétue ces jeux d’antan. C’était en 2018…

La bataille au Polochon. C’était un jeu toujours proposé lors des fêtes de Mabiliès.

Cette photo n’a pas été prise à Louannec mais l’appareil est exactement
celui qui était mis à la disposition des amateurs.

Le « Butunadeg » était ce jeu en vogue, les jours de fête, dans nos campagnes.
La lecture d’une page du journal Le Lannionnais de 1903 atteste d’un jeu qui était proposé à l’occasion d’une fête patronale : le butunadeg (butun = tabac).
Daniel Giraudon, auteur de plusieurs livres, hésite entre deux solutions : 1 – concours de fumette, 2 – prix pour un autre jeu, prix qui étaient payés en tabac. Il penche en faveur de l’option 1. « Contacte Fanch Péru, a-t-il dit. Il en sait plus que moi. Il a écrit un livre sur le sujet… »
Fanch a dit hier : « Honnêtement, je te dis que je n’ai pas entendu parler de de ce jeu. Je connaissais comme toi le « chacadeg anduilh » (concours de vitesse pour avaler une andouille accrochée à une ficelle), le « evadeg gistr » (concours de vitesse pour écluser un litre de cidre), le « chacan fisel » (mettre en bouche la longueur de ficelle la plus longue possible). Je pense que le « butunadeg » consistait à fumer soit une pipe, soit un cigare soit une cigarette. Maintenant, concours de vitesse ou concours de lenteur ? Je ne sais pas… »