„Louannec de A à Z“
Dans ce dossier, j’ai voulu traduire l’évolution de Louannec depuis pratiquement ma naissance à Mabiliès, en 1944. Une commune exclusivement agricole qui, profitant de l’industrialisation de Lannion, est devenue semi-urbaine. Les lectrices et les lecteurs qui souhaitent me passer un message peuvent le faire à :
jpsimon39@gmail.com
Ces propos seront consignés dans «Le Courrier du lecteur». Informations complémentaires sur le site facebook :
«AU PAYS DE PICOU. Louannec d’hier et d’aujourd’hui»
Un grand merci aux Éditions Jack, entreprise louannécaine, leader de la carte postale en France, pour l’attention apportée à ce travail.
LE COURRIER :
Merci beaucoup Jean-Paul pour ce formidable travail de mémoire. A la fois acteur (déjà au pied du château d’eau de Mabiliès en 1954 comme on le voit sur une photographie) et chroniqueur de la vie locale tout au long de ces années, tu étais le mieux placé pour raconter l’histoire et les histoires (petites et grandes) de Louannec. Nous avons beaucoup de chance.
Tu le fais avec précision et rigueur et surtout sans nostalgie. Avec toujours ce regard bienveillant sur les aventures et les hommes, tu nous aides à comprendre d’une manière très concrète, les évolutions, les mutations et les transformations de ces cinquante dernières années. « L’universel, c’est le local moins les murs ». C’est le titre de la conférence que prononça Miguel Torga en 1954 pour parler de sa province du Portugal. Cette même année paraissait le « Picou » de Edouard Ollivro. Deux hymnes aux terres natales « les pieds plantés dans l’humus de son village » où on parle de sacs de châtaignes, de jambons, des bagarres au couteau, de processions, de la roue de Ben La Cloche, du mur de la mort… « L’authentique qui peut être vu sous tous les angles et qui, sous tous les angles est convaincant, comme la vérité ». Deux hymnes à la simplicité et à la fraternité. Je quittais Louannec en 1955 à l’âge de deux ans et demi. C’est dire si ma mémoire du lieu des origines est lacunaire. Les récits inexistants. Seules quelques images : des oriflammes jaunes – une procession certainement – un comice agricole sur le terrain de football… La couche d’humus est mince. Ton travail vient combler un vide et quelques trous. Et ça fait du bien. (Julien Simon)
Précision : Né le 08/07/1952 à Cacousiris en Louannec, Julien Simon est auteur dramatique et comédien. Il a notamment écrit une trilogie « Langage et mémoire » :
« Comme un ange après temps de misère » Editions Ubacs 1993
« Un drôle de silence » Lansmann Editeur 2008
« Dans l’air » Editions Isabelle Sauvage – parution automne 2016
Ces textes ont été montés à France Culture et à la RTBF Bruxelles.
« Ils sont partis comme ça… » le film documentaire de Catherine Bernstein et Julien Simon a été réalisé en 2014 à partir du dernier volet de la trilogie.
Cela m’a fait grand plaisir de lire ton site si documenté ainsi que la retranscription des propos de Papa. Je suis dans le Trégor et, si tu en as le temps, je serais très heureux de pouvoir me déplacer à Louannec pour te rencontrer. (Jean Ollivro)
Précision : Jean est le fils d’Edouard Ollivro. Géographe, il enseigne à Rennes et à Sciences Po Rennes. Il est le président du think tank (= laboratoire d’idées) « Bretagne prospective ». Economiste reconnu, on a pu le voir exposer ses arguments dans plusieurs émissions à la télévision dont « C dans l’air ».
Tout d’abord, je tiens à signaler que ce dossier est très bien rédigé et captivant. Je me suis laissé prendre à sa lecture. C’était très intéressant. Les adultes se souviennent de leur passé tandis que les plus jeunes, comme moi, peuvent découvrir le Louannec d’antan. De plus, le dossier est on ne peut plus complet. C’est selon moi, une bonne idée que de l’avoir découpé en différentes parties. Les anecdotes du passé apportent une touche réaliste et elles sont souvent très amusantes. La partie sport est captivante. Voir ce que mon grand-père (ndlr : Charles Darrort) a fait ou dit quand il était joueur de foot m’a fait sourire. Peut-être manque-t-il un petit paragraphe sur le tennis ? Le seul bémol que je peux noter est parfois une suite d’images sans notes. Je pense qu’il faudrait rajouter quelques légendes. Pour finir, ce dossier est remarquable et bien réalisé. Il fait honneur à notre petite ville et à son histoire ! (Simon Le Cabec, Stivel)
Réponse : Venant d’un ado qui va vers ses 16 ans, ce courrier me fait énormément plaisir. « La valeur n’attend pas le nombre des années… » Même si cet alexandrin est devenu un cliché, je l’utilise, Simon, à ton intention. Je vois que tu as fait de mon dossier une lecture exhaustive et très affûtée. Dans l’appréciation que tu portes, tu fais preuve dans ton jugement d’une grande maturité. Tu as même su mettre le doigt, sans concession, sur quelques faiblesses dont je vais, bien sûr, tenir compte. Comme ce dossier est évolutif, donc aucunement figé, il me sera facile d’apporter les retouches que tu juges nécessaires.
Eh bien, je ne sais trop quoi dire. J’ai presque les larmes aux yeux à la lecture de ce dossier. Mon mari va en faire deux tirages. Il va en adresser un à mon père à Kermaria-Sulard. (Maguy Vogt Crocq, Trégorroise expatriée en Lorraine)
Je suis très émue… (Sylvie Le Pierrès, Louannécaine qui réside en Guadeloupe)
Excellent ! Merci… (Yves Symoneaux, Quimper)
« Il a étudié « les 50 années qui ont changé Louannec ». Viscéralement attaché à sa commune, Jean-Paul Simon en a analysé la métamorphose. Et notamment le boom démographique qu’elle a connu ces dernières années. » (Ouest-France)
Merci pour ce magnifique travail. Nous avons, mon père et moi, pris plaisir à lire tout le dossier. Il est vraiment complet. (Annie Godé)
Superbe boulot ! (Joseph Robino)
Bravo pour le site. Franchement, c’est un super boulot pour nous, les Louannécains expatriés. J’ai transféré à d’autres Louannécains. C’est génial ! Je ne connaissais pas du tout l’histoire de Lindbergh. On voit qu’à l’époque, il y avait une véritable vie de village que j’ai connue, jeune. Une autre époque… (François Pezron à Bayonne)
Beau travail, Jean-Paul. Nos souvenirs de jeunesse à Mabiliès. (François Le Merrer)
J’ai beaucoup apprécié ton étude et je te félicite pour ce travail. J’aime tous ces gens qui, comme toi, restent fidèles à leurs origines avec des racines bien ancrées dans leur sol natal. (Guy Prigent, Ploulec’h)
Un beau travail de recherche. C’est d’autant plus intéressant à lire quand on connaît les lieux et l’histoire de la commune. (Christine Truong, Chevilly-Larue)
Beau boulot. J’ai particulièrement apprécié la rubrique « Figures locales et métiers d’antan ». (Philippe André, Courbevoie)
Bravo pour ce dossier que je trouve très intéressant. (Carmen Gomez, Banyuls)
Merci pour cette vague de souvenirs, tout au long du récit. Retour en enfance et à notre jeunesse, même si pour moi Louannec, ce n’était que pendant les vacances. Une petite précision. Il me semble que l’ARAL a été fondée en 1976, oui. La première présidente a été Marie-Rose Burel, de 1976 à 1980. Madeleine Porchou lui a succédé en 1980. C’est un détail. (Françoise Le Fouler-Le Roy, Louannécaine à temps plein depuis cinq ans)
Je trouve ce dossier très bien documenté et complet. J’ai téléphoné à Louannec. Il semblerait que tout le monde en parle d’après ce qu’on m’a dit. (Tam Tang, Saint-Jean de la Ruelle)
« Louannec. L’étude qui dit tout sur la commune ». (Affichette du présentoir Le Trégor)
Mémoire d’ici. Jean-Paul Simon dévoile les petits secrets de Louannec. 50 ans ont changé Louannec. Une étude fouillée passe ces décennies au crible. (Hebdomadaire Le Trégor)
En tant qu’ancien habitant de Louannec, j’apprécie énormément ce dossier. Je me permets d’adresser mes sincères félicitations à Jean-Paul Simon. Oui, quel plaisir nous a apporté Louannec-Sports. (Michel Fressier, Mayenne)
Marcheurs de Bourbriac (écho dans Louannec-Sports) Je suis marié depuis 1953 à Louise Le Boulanger, fille d’Eugène, de Kerambellec. Mon beau-père était l’un de ces marcheurs. Ma femme lira avec attention ces jours prochains ce livre de souvenirs. (Hugues Genest, Paris 13ème)
LOUANNEC-SPORTS. Jean-Paul Simon, Louannécain pur jus, a fait un travail très intéressant sur l’évolution de Louannec ces 50 dernières années. Un chapitre est consacré à Louannec-Sports. Le club était étroitement lié à la vie de la commune et à ses habitants. Ayant pris part à cette histoire, je vous invite à visiter le site www.50-ans-louannec.bzh (Albert Cadiou, co-président de l’US Perros-Louannec)
Excellente initiative qui mériterait d’être étendue à l’ensemble de nos communes comme témoignage de l’histoire locale afin de constituer une sorte de mémoire collective. Une action indispensable alors que notre époque ne valorise que l’instant présent. Elle peut être, en particulier, utile aux nombreux résidents originaires de diverses régions qui s’installent dans le Trégor. Pour la retraite ou pour raison professionnelle. Peut-être faudrait-il développer un peu plus le paragraphe sur Rosmapamon et Ernest Renan car ce dernier a été une figure intellectuelle marquante de la seconde moitié du XIX ème siècle. Citer quelques personnalités présentes lors de la période estivale. Il est peut-être intéressant de signaler que les derniers propriétaires ont restauré et meublé cette maison comme du temps de l’occupation de Renan. (Yves Acquier, Lannion)
Réponse : Ta remarque est très pertinente. Elle me conduit à inclure et à rajouter à ce dossier un article que j’ai récemment écrit sur Renan et qui a été publié dans le Bulletin municipal de Louannec.
Tu retraces parfaitement l’évolution de la commune depuis l’arrivée des télécoms dans notre pays. Tu nous rappelles les grands souvenirs sportifs de Louannec-Sports et du tennis de table entre autres. Bravo à toi. War arok bepred ! (Christian Le Maillot)
Félicitations pour ce travail sur Louannec. (Marie-Paule Saliou)
LOUANNEC-SPORTS. Mon père, Alfred Pérazzi, boulanger à Pen Lan Vihan, a joué un rôle dans les débuts de l’activité football dans la commune. Comme il faisait la tournée de pain dans la commune à partie de 1936, il rencontrait des jeunes et il pensait qu’une activité sportive leur conviendrait. Mon père était né en Argentine en 1906. Il était de nationalité suisse. Les buts étaient faits ici avec du bois de la forêt de Barac’h offert par M. Le Bihan. Mon père gonflait aussi les ballons et passait les lacets pour ajuster l’enveloppe de cuir. Combien de fois ne l’ai-je pas entendu crier : « Merda ! Puta la Madona ! » quand par maladresse il crevait la vessie ! Mon père a tout laissé tomber quand un membre de l’équipe dirigeante a dit
un jour : « Toi, le P’tit Suisse, tu n’as rien à faire ici ! » (Pierre Pérazzi)
Réponse : Merci, Pierre, pour cette précision. Il est bon de rendre à César ce qui appartient à César…
Quel travail tu réalises. C’est impressionnant !
Pour le Guillors, les témoignages que tu as publiés vont sans doute permettre d’affiner le récit que Daniel Potin détient de sa famille. C’est intéressant de refaire l’histoire de cette façon… Je me pose la question de savoir à quel moment mon père (ndlr : Yves Goasampis) a été pris en otage à Cabatous et retenu une semaine au blockhaus de Pen an Hent Nevez avec d’autres Louannécains. Ils ont été libérés grâce à une intervention de Pierre Bourdellès auprès de la Kommandantur. (Yvette Le Goff)
Réponse : L’épisode vécu par ton père fait suite à l’accrochage du Guillors. Les Allemands qui avaient subi des pertes humaines ce jour-là recherchaient activement les Résistants qui leur avaient tenu tête. J’ai appris qu’Yves-Marie Pezron (ferme de Kerespertz) et Louis Crocq entre autres faisaient partie des Louannécains arrêtés en même temps que ton père. Ils avaient été conduits au blockhaus de Pen An Hent Nevez pour ensuite subir un interrogatoire en bonne et due forme à Servel. C’est là qu’on leur a remis une pelle pour creuser des tombes. Ils ont eu très peur car ils croyaient que c’était la leur. En fait, on avait fait d’eux des fossoyeurs qui préparaient les sépultures de marins allemands, noyés en grand nombre au large de nos côtes au cours d’un affrontement.
Merci, Jean-Paul, de reconstituer tout ce factuel dont tous les intéressés n’ont pas eu connaissance. Mon père, en tout cas, n’avait pas objectivé le sens des événements que tu rapportes. Les recherches que tu effectues et leur mise en relation donnent une vraie dimension à l’histoire locale. Passionnant, ce travail ! (Yvette Le Goff, née Goasampis)
Un concentré d’histoire locale… Des sujets intéressants et variés, bien traités. (Pierre Goasampis, Mayennais, originaire de Kermaria-Sulard)
Il y a cinq ans, les propriétaires de Coat-Gourhant m’avaient vaguement dit que des Résistants se cachaient dans la ferme. Nous n’avions jamais entendu parler de cela quand on y habitait. Papa s’est installé dans cette ferme juste après son mariage en 1959. Il y a travaillé dur avec Maman. Et nous aussi d’ailleurs, les cinq enfants. On a fait les moissons, le maïs, le cidre après la récolte des pommes. Ah, j’ai tourné la baratte aussi. Il y avait un bon troupeau de vaches, quelques cochons, des chevaux pour les travaux des champs et plein de volailles. Mon père travaillait aussi au manoir de Kerigant chez M. Beauverger, sur la route de Lannion. Il a quitté ce travail et la ferme en 1976. Il avait trouvé un travail de carrier, un peu mieux payé à La Clarté. Que de bons souvenirs dans cette ferme. Nous avons connu Marthe Potin, les Hamel et bien d’autres… (Armelle Picolo Cuziat, Louannécaine installée dans le Sud-Ouest)
Merci pour ce super album. J’en fais la diffusion autour de moi. (Gérard Body)
Ton site est connu. Il m’a été signalé par trois sources différentes. (Erwoan Pezron, Région parisienne)
Je suis ravi d’apprendre tant de choses grâce à ton remarquable travail. Pour l’anecdote de ce qui s’est passé dans notre maison (ndlr : l’intrusion des Allemands ; la remise d’espadrilles à François Potin, en fuite et activement recherché par ces mêmes Allemands), il n’y a pas eu beaucoup de témoins à pouvoir nous en parler, sauf… Marthe Potin elle-même. J’ai une fois eu l’occasion d’évoquer avec elle des faits de guerre, mais ce fut évasif, fugitif même. J’avais très vite compris qu’elle ne souhaitait pas s’étendre sur le sujet. En tout cas, un grand merci pour cette information qui ne laisse pas insensible le curieux que je suis, surtout en ce qui concerne les détails à caractère historique. (Pierre Le Dauphin, Convenant Sant Erwan)
C’est par hasard que j’ai découvert le document que tu as réalisé sur Louannec. Je tenais à te féliciter pour les recherches effectuées. C’est du bon boulot et j’ai pris beaucoup de plaisir à me replonger dans le Louannec que j’ai connu jusqu’en 1974. Bien que nos racines réelles ne sont pas louannaicaines (papa de Coatreven et maman de Langoat) je me sens personnellement originaire de Louannec. Je suis nostalgique du Louannec d’autrefois. Je garde en mémoire les mois de vacances à Keryvon, les bains de mer à la grève de Pen ar n’en nevez, les jours de battage chez une tante de Coatreven, les talus magnifiques qui bordaient les routes, le josken du Boucher du bourg (est-ce que l’on mange toujours du josken ?) les pots de lait que l’on allait chercher à la ferme de Marcel Saliou, avec son centimètre de crème sur le dessus), l’odeur du pain dans la camionnette du boulanger de Kermaria… Je ne vis plus à Louannec, (la vie en a décidé autrement) mais je te remercie de m’avoir fait replonger dans cette époque là. J’ai aimé les photos anciennes, j’ai retrouvé des anciens copains ou connaissances. J’ai surtout appris beaucoup de choses. Je l’ai partagé avec mes frères et soeurs et mon cousin Christian Ropars. Kenavo Ar vechall. (Martine Prigent Carre, Puerto de Soller – Majorque – Espagne)
Comme ça m’a fait plaisir, Jean-Paul, de lire ton dossier ! Ce que tu fais est très intéressant. Quand on a quitté sa commune d’origine, il y a des choses qui ont tendance à s’effacer et qu’on oublie… Grâce à toi, j’ai pu remonter dans le temps et faire des révisions ! Tes photos m’ont aidée à faire ce retour dans le passé. Quand j’étais jeune fille, j’ai fait la quête du beurre pour le Curé. On allait de ferme en ferme. Je faisais équipe avec Marie-Joseph Le Corre qui a habité Chemin des Goémoniers. On revenait avec deux ou trois mottes de beurre et de l’argent… Il fallait faire attention à ne pas être « rondes » au retour parce que dans toutes les fermes, on nous proposait à boire. Les garçons – fils de fermes- qui faisaient la quête annuelle du blé – toujours pour le Curé – rentraient souvent « pompette » avec leur charrette et leur cheval ! Comme ceux qui allaient faire la quête des fagots pour le « tanted » (feu de joie qui avait lieu à Poulajou où les fidèles se rendaient en procession le 18 mai. Il était de tradition de ramener un tison, censé protéger la demeure pour un an !). Je l’ai lu, ton dossier. Et je vais le relire… (Jeannine Tilly-Prat, propriétaire de la ferme du Carpont. A suivi, à Rezé-lès-Nantes, son mari Capitaine de remorqueurs au Port de Nantes)
Magnifique ! Je viens de parcourir ta publication sur l’histoire de Louannec en m’attardant un peu plus sur la page Sports. Il y a aussi la petite tenniswoman louannécaine Clara Burel, réelle espoir du tennis français.
Tout d’abord, félicitations pour ce formidable travail de mémoire. J’ai 55 ans. Je suis issu de grandes (au sens du nombre !) familles de Perros. Trégorrois donc, fils de ferme, ex-footballeur à Perros et à Paimpol.
J’ai été collégien interne à Charles Le Goffic dans les années 70, puis lycéen toujours à Lannion. J’ai été pigiste à l’hebdo Le Trégor, animateur radio et grand amateur des « nocturnes » perrosiennes dans les années 80. J’ai croisé bon nombre de personnages qui jalonnent ton « chef d’oeuvre », le mot n’est pas trop fort : Michel Le Bonniec, bien sûr, mon président au Stade Paimpolais, Georges Brassens chez Yvon Didot quand je faisais la saison à Loguivy de la Mer chez Bruno Colliot. Au plaisir de te rencontrer et de partager avec toi quand je viens sur Perros. Je te ferai suivre, dès que
j’aurai un peu de temps, quelques documents qui te parleront. (Philippe Quéré, Responsable compte clients Zoétis)
Un mot pour te dire tout l’intérêt et le bonheur que j’ai eu à parcourir ton site sur Louannec. Le contenu est riche et varié. Ton travail de véritable journaliste de terrain en rend sa lecture particulièrement vivante. Je
suis sûr que ce travail remarquable constituera une référence pour les générations futures. En poursuivant ma navigation, je vois que ton site a largement dépassé les 10.000 visiteurs. Bravo ! (Joël Freymond, Paris)
Précision : Joël Freymond est un journaliste qui a rédigé pendant 20 ans la Lettre boursière la plus lue de France. Je l’ai rencontré tout-à-fait par hasard alors qu’il se promenait, du côté de Pen An Hent Nevez, avec son épouse.
Sympa, le dossier sur Louannec. Faudrait le publier à moins que cela ne soit déjà fait ? (Caroll Hédou)
Ce petit mot pour te dire que j’ai eu beaucoup de plaisir à parcourir ton site qui permet de connaître l’histoire très riche du village, de ses habitants et de son évolution. Habitant à Louannec depuis un peu plus de 30 ans, je tenais à te féliciter et à te dire merci pour cet excellent travail mis à la disposition de tous. (Jean-Noël Daniou, Le Croajou)
Heureuse de vous avoir rencontré à la gare de Lannion. Quelle coïncidence ! Je cherchais depuis un certain temps à vous joindre pour vous poser quelques questions au sujet des anciens moulins de Louannec. C’est un bonheur de lire votre site « 50 ans à Louannec ». Il est très vivant et ravive pour moi les souvenirs. En particulier Alexandre Quintric qui nous impressionnait tant quand nous étions enfants. Yves et Françoise Denis qui avaient une porcherie en granit rose et des « toilettes » extérieures. Ils travaillaient les champs avec les juments Nelly et Docile. Je pense aussi au handball, au foot, aux soeurs Gouriou, aux Pérazzi, aux Pezron et à tant d’autres… Je suis louannécaine par intermittences depuis l’âge de trois semaines. J’ai été conseillère municipale pendant un mandat dans l’équipe de Jean Nicolas. Louannec est ma référence fixe, les racines de mes enfants. La référence de ma famille également : les Gayet. (Catherine Hamant, Stivel)
C’est un remarquable travail de recherche sur des pans de l’histoire de notre commune qui auraient été irrémédiablement perdus si tu n’avais pris la peine de t’y intéresser. En découvrant ces informations tirées d’un passé de plus en plus obscur – celui de l’Occupation allemande – je mesure, à ma grande tristesse, mon regret de n’avoir pas posé à mes parents plus de questions sur cette période tragique. (Claude Londres, Louannec)
Merci, Jean-Paul, pour toutes tes recherches et tous tes écrits qui nous surprennent toujours. (Maguy Vogt Crocq)
Oui, tous ces récits me font découvrir et aimer encore plus ce coin du Trégor où nous sommes depuis moins de 18 mois. Merci à toi… (Annie Boisnard)
L’ami Jean-Paul mérite de passer à l’échelle nationale pour son patient et passionnant travail de recherche, déjà ! Mais également pour inspirer d’autres initiatives de ce genre dans toutes les régions de notre belle France ! (Marie Lecoeur)
Merci Jean-Paul pour ton immense investissement envers les autres. Merci aussi pour toutes tes recherches et toutes tes publications… (Dominique Le Magoarou)
Le passé a des « blancs » qui sont « noirs ». Si on y met tout ton travail sur la toponymie et les témoignages en tous genres, la magie opère… L’hommage d’Ouest-France « au passeur de mémoire » est tout-à-fait justifié. A quand une version en librairie ? (Yvette Goasampis)
Bravo à Jean-Paul, un narrateur d’histoire et une plume remarquable. (Véronique Wozniak)
Bravo et merci Monsieur Jean-Paul ! (Christophe Mineau)
Merci pour nous faire partager tes connaissances. Cet article te mettant à l’honneur est mérité et tu peux en être fier. Amitiés. (Marie-Françoise Noël)
Merci pour tes textes que nous lisons toujours avec beaucoup d’intérêt. (Monique Le Merrer)
Merci pour ce très gros travail complet et très intéressant. Cela me permet de mieux connaître la vie de la commune où j’ai souhaité résider à la retraite. Sincères félicitations. (Daniel Rousseau)
Bravo cher Jean-Paul pour ce très bel article qu’Ouest-France t’a consacré. Le titre te définit parfaitement : passeur de mémoire. Il faudra que tu organises des soirées autour du feu avec des touristes cet été. Je suis sûr que ça aura beaucoup de succès. (Joël Freymond)
Je tenais à te féliciter pour l’excellent travail que tu as fait sur notre commune. Tu as un réel talent pour l’écriture. (Annie Godé)
Bravo Jean-Paul et à tous ceux que tu as cités pour ce continuel travail de recherche sur la commune et sur son évolution à travers le temps. (Jean-Yves Saliou)
Au sujet de la langue bretonne.
Je trouve très intéressant ce que tu as écrit. J’ajouterais que la langue bretonne est également enseignée dans des écoles publiques (div yezh) et privées (dihun). J’ajouterais encore que j’ai vécu tout ce que tu écris et que j’ai beaucoup souffert dans mon enfance de parler breton (moqueries très fréquentes à cause de mon accent breton). J’ai retrouvé le bonheur de parler breton en fac de lettres à Rennes où j’ai côtoyé un groupe de bretonnants très actifs et mordus de la langue. J’ai pris ma revanche sur le passé lorsque j’ai eu mon poste d’enseignante bilingue à Tréguier. (Marie-Anne Geffroy, Buhulien)
Au sujet de la langue bretonne.
Quand j’étais enfant, beaucoup de monde parlait breton à Louannec. Mais pas moi. D’ailleurs, je ne le comprenais pas à part quelques tournures sympathiques qu’on adresse aux enfants. « Fri lous ! » quand ils rentrent crottés du jardin. « Da gousket » quand il se fait tard. Et aussi « war raok bepred » qu’on lisait sur le blason de la mairie. Et même « Na neus ket ur sant evel Sant Erwan » chanté à l’église par des voix de plus en plus chevrotante au fil des années. Jean-Paul est né en 1944. Je suis née en 1976. Entre nos deux enfances, le monde avait changé. Pour les enfants des années 1980, une enfance à Louannec, c’était encore une enfance où on jouait dans les champs, on grimpait sur les talus. Les vaches traversaient le bourg et les automobiles roulaient à vive allure, négociant habilement le virage devant le marchand de tabac. A la supérette ou à la boucherie, j’entendais le breton. L’apprendre ? Mais qu’est-ce que tu vas faire avec le breton ? Tu veux garder les vaches ? Ça ne sert à rien. Netra. Mann ’bet. Nada. Il faut apprendre des langues in-ter-na-tio-nales. Ce sera bientôt l’an 2000. Toute le monde devra parler anglais et allemand et espagnol. Pas breton. Le bac en 1994 est le sésame pour découvrir le vaste monde. Etudes à Brest ou à Rennes, chacun suit son cap. Le mien me conduit souvent à l’étranger. En quelques mois, étudiante ou travailleuse, j’acquiers facilement la langue. Quand je reviens, je ne sais pas le breton. Logique. Je repars. Petit à petit, je me rends compte qu’ailleurs, parler deux langues dans un même pays est normal. J’apprends des langues nouvelles et je reste les bras ballants parce que je ne sais pas la langue de mon pays. C’est absurde. J’ai 25 ans. Je rentre et j’ai le pressentiment que tous comptes faits, je ferai ma vie en Bretagne. Cet été-là, dans les halles de Douarnenez, j’attrappe une feuille volante. Elle dit que je peux apprendre le breton au Greta de Carhaix. Dix semaines de cours. Le conseil régional finance la formation. Je m’asseois sur lesbancs du lycée Sérusier à Carhaix. Le vendredi soir, retour au bercail. Je fréquente les veillées Dastum, héritières des fameuses veillées de Maria Prat. Tout le monde se gondole et je ne comprends rien. Il faut dire qu’il y a autant de différence entre le breton du Trégor et le breton de la salle de classe qu’entre l’anglais de la bi-bi-ci et celui que j’ai entendu en Ecosse. Dalc’h mat ! Si tu ne veux pas être vendue au Marc’hallac’h à Lannion, ’faut que tu t’accroches ma petite ! En plus des veillées bretonnes et des cours de grammaire, rien ne vaut les leçons prises autour d’un bol de café chez une voisine ou chez la grand-mère des copains. Quand j’ai un jour de libre, je prends rendez-vous pour « ur bannac’h kafe du » et j’écoute leurs histoires. En 2003, je reviens vivre à Louannec ; au Croajou, ma voisine, Marie-Renée est généreuse en café, en bons mots et en temps passé. Mon accent reste galleg, j’ai toujours un temps de retard pour saisir les blagues, mais grâce à elle, je commence à partager l’hilarité des veillées. Apprendre le breton est difficile. La langue n’est pas difficile. C’est compliqué de trouver des situations où les gens acceptent de me parler. Le bain linguistique, cette potion magique qui m’a tant aidée à l’étranger, s’est évaporé à Louannec. On ne parle plus breton à la supérette. Je ne fréquente plus l’église. Il n’existe aucune radio à écouter, aucune série télévisée, aucun club sportif pour vivre en breton. Il faut accepter la situation. Peu à peu, j’essaie de lire les articles que Nicole Chapelain rédige dans le bulletin municipal. On m’offre un album du Chat de Geluck en breton. Mon cerveau français demeure imperméable à l’humour belge traduit en breton. Est-ce une malédiction ? Il faudra du temps pour comprendre et dépasser la phrase rituelle « n’eo ket memes brezhoneg » : ce n’est pas le même breton. Je n’ai pas appris le breton sur les genoux de ma mamm-gozh. J’en tire un complexe. Et devant moi, les anciens qui ont appris avec leur grand-mère ont un complexe parce qu’ils ne savent pas lire et écrire en breton. Je n’ose pas. Ils n’osent pas. Nous n’osons pas. Et puis, il y a la honte. Les vieux souvenirs d’humiliation quand enfants, ils arrivaient à l’école sans causer français et qu’ils se retrouvaient à la fin de la journée avec le symbole. Tous racontent la même histoire. Tous. Celle d’enfants punis pour avoir parlé breton à l’école. Souffrances enfouies. Quand avec plusieurs familles et le soutien du maire qui ouvre la cantine municipale aux élèves, nous créons une école Diwan à Louannec, c’est une chance immense. Malgré les énormes trous dans la raquette, nous allons continuer à transmettre le breton. Mes enfants seront bilingues et ils seront alphabétisés en breton comme en français. C’est vrai que nous, les parents, devrons nous impliquer bénévolement pour faire de ce projet fou une réalité. Nous n’avons pas tous les mêmes parcours, les mêmes idées, nous ne sommes pas certains de réussir, mais nous allons essayer. Ce n’est pas facile de faire vivre une école gratuite et laïque avec si peu d’argent. Ce n’est pas élitiste, mais on s’enrichit. Humainement, c’est riche. Nous sommes en 2016. L’école Diwan a dix ans. J’ai quarante ans. Dans mon nouveau quartier, je n’entends plus le breton, mais tous les jours, je peux le parler avec mes enfants. Ils comprennent les anciens, les Vannetais avec leur drôle d’accent, même les Léonards on dirait ! Quand on s’approche de la cour, à l’heure de la récréation, on entend des rires et parfois des chicanes. L’association Skol al louarn propose des cours du soir. Cet été, j’ai lu la bande dessinée Persepolis en breton : un régal ! Je ne serais jamais capable de faire rire l’assistance dans une veillée, mais en petit comité, je peux jouer avec les mots. L’accent galleg me colle aux joues. Je fais avec. Ce n’est pas le même breton ? Mais quand je parle français, je ne parle pas comme ma grand-mère. Quand je parle français, ça ne sonne pas comme à Marseille, comme à Montréal ou à Bobo Dioulasso. ‘Blam da bera kaozeal brezhoneg ? Peogwir eo brav ! Plijus ! Ce n’est pas plouc de parler breton. Ça devrait être permis à tout le monde. Çe ne devrait pas être réservé aux pennoù koad de mon espèce, ça ne devrait pas être réservé aux enfants qui ont la chance d’être scolarisés dans une école Diwan ou dans une classe bilingue. S’engager ou se résigner. Ça revient à choisir entre la découverte ou l’ignorance. (Stéphanie Stoll, ancienne écolière de la communale, 1979-1987)
Au sujet de la langue bretonne. Mon point de vue :
Quand j’étais enfant, tout le monde – ou presque – parlait breton à Louannec. Le prêche ou sermon du dimanche dans une église pleine, se faisait en breton aussi. Plusieurs camarades arrivaient à l’école primaire – à 6 ou 7 ans, comme c’était l’usage – sans connaître un seul mot de français ! Mais la règle voulue par l’école, pour nous les jeunes, était de ne pas utiliser la langue de nos parents. Nous répondions donc en français aux adultes qui s’adressaient à nous en breton. Ce qui a fait de notre génération un ensemble « d’unijambistes » de la langue bretonne. Pour la compréhension, pas de problème ; pour l’expression orale, c’est une autre histoire ; pour l’expression écrite, n’en parlons pas ! Notre difficulté à utiliser notre langue a fait de nous un maillon faible qui aura besoin d’être réparé pour assurer la pérennité du breton. Nos parents croyaient bien faire en ne transmettant pas leur propre langue maternelle d’autant plus que le prestige dont bénéficiaient à l’époque les enseignants était fort, surtout à la campagne. En 1985, Pêr Denez disait déjà : « La situation de la langue bretonne est le résultat d’une politique consciente de destruction. L’Etat français a donc aujourd’hui des obligations vis-à-vis de la Bretagne. »
Certes, on peut louer les efforts réalisés depuis avec la mise en place de classes bilingues dans certaines écoles publiques, avec le travail réalisé par Diwan sur différents sites de la Bretagne dont Louannec. Ces classes sont plutôt convoitées dans la mesure où elles sont devenues des structures d’élite, tout au moins à leurs débuts, avec certains avantages inhérents : effectifs réduits, élèves motivés et ouverts sur la culture de leur pays : littérature, musique, traditions, possibilité d’améliorer son capital points aux examens. C’est avec plaisir que j’ai pu voir, le jour du marché à Lannion, certains de ces jeunes se transformer en chanteurs de rue avec une qualité de musique tout-à-fait remarquable.
Quel sera donc l’avenir du breton à Louannec ? Est-ce que ce sera seulement un échange entre les heureux initiés qui ont eu accès à cet apprentissage ? Ceux-ci formeront-ils un levain assez important pour entraîner un mouvement de regain dans la population ? A chaque décès d’un ancien Louannécain, c’est un locuteur qui disparaît. On peut donc évaluer à des centaines voire un millier le nombre de bretonnants qui nous ont quittés au cours de ce demi-siècle. Un des derniers sondages réalisés (TMO) indique : 5% déclarent bien parler le breton ; 8% disent le parler assez bien ; 24% connaissent quelques mots. Ce qui montre l’ampleur de la tâche… Ces dernières années, le Bulletin municipal de Louannec présentait une rubrique en breton. Le tour avait été donné par François Bozec qui, dans les années 80, avait réalisé une excellente série de portraits de Louannécains dans le « De Nantouar à Kernu », un bulletin de liaison à l’initiative des élus de gauche. Nicole Chapelain, alors élue, avait pris le relais dans le Bulletin municipal. Une autre Louannécaine Stéphanie Stoll, un des piliers de l’école Diwan à Louannec, publie des articles dans une revue départementale dans un breton plus raffiné et plus littéraire appris sur les bancs de l’Université. Laouénan. Ce journaliste du Télégramme avait mis en place les Veillées Bretonnes avec la troupe de Maria Prat dans laquelle notre barde local Jean Derrien exprimait son talent à chaque représentation. Une autre chance pour que le breton résiste à Louannec, c’est que depuis un certain temps déjà le « syndrome du plouc » a disparu et que les initiatives qui mettent en valeur la culture bretonne sont plutôt bien perçues. La commune compte un club de danses bretonnes. Les festou-noz organisés regroupent un grand nombre de danseuses et de danseurs. Ceux-ci marchent dans le sillon creusé par des pionniers trégorrois comme Roger Louénan. Ce journaliste du Télégramme avait mis en place les Veillées Bretonnes avec la troupe de Maria Prat dans laquelle notre barde local Jean Derrien exprimait son talent à chaque représentation. (Jean-Paul Simon)
Au sujet de la langue bretonne.
Un lecteur écrit : « La langue bretonne continue et continuera encore longtemps à faire couler beaucoup d’encre entre partisans et adversaires. Et pourtant, elle est un élément important de notre patrimoine qu’il est un devoir de conserver comme toutes les autres langues du monde. En effet, nul ne peut contester aujourd’hui que le bilinguisme est une richesse et qu’un apprentissage précoce des deux langues favorise celui d’autres idiomes par la suite. Tout un chacun a en soi la faculté d’apprendre plusieurs langues. Les générations futures qui voyagent partout dans le monde se devront d’être au moins trilingues. Le breton peut naturellement contribuer à cette préparation à utiliser des systèmes linguistiques différents. Quand on sait que le Trégor est le terroir où la pratique de la langue bretonne est encore la plus forte en Basse-Bretagne, l’acquisition du breton peut se faire encore à présent au contact de locuteurs locaux. Certes, moins facilement qu’il y a une ou deux générations, mais la résistance culturelle de notre région contre vents et marées a été assez importante pour offrir cette chance. C’est pourquoi dans un combat de longue haleine, mené par les défenseurs de la langue bretonne, des écoles bilingues français-breton ont pu être ouvertes. On aurait pu souhaiter que cet enseignement soit offert à tous, en Basse-Bretagne au moins, mais il ne reste pour l’instant qu’une option saisie par les familles qui en font le choix. Cette décision a pu donner l’impression qu’il s’adressait à un public trié sur le volet dans la mesure où les premières familles à tenter l’expérience appartenaient à un milieu d’élites. C’est le cas pour bien d’autres innovations qui ont connu par la suite une grande popularité. Etant donné les bons résultats de cette filière, ce sont aujourd’hui des enfants de tous les milieux sociaux qui y adhèrent.
Au sujet de la langue bretonne.
Il y a deux ou trois mois, je suis intervenu à deux reprises auprès des élèves de l’école Diwan. Il s’agissait de leur expliquer les noms des lieux-dits de Louannec. Un jeu élémentaire pour ces enfants qui maîtrisent le breton. Pas besoin de longs discours pour expliquer le sens de Milin Noz, de Dour-du ou de Penn an Hent Nevez ! Avant de les quitter, je leur ai proposé de leur parler de mon passé de vacher. Ils ont bien ri quand je leur ai raconté en breton l’histoire suivante, aucunement romancée :
« Maintenant, pour rigoler un peu, je vais vous raconter une anecdote, une histoire qui m’est arrivée quand j’étais vacher. Une histoire vraie. Aussi vraie que je suis devant vous en cet instant… J’habitais tout près de la ferme Bourdellès à Mabiliès. Pierre Bourdellès et son frère Louis étaient cultivateurs. Pierre était aussi le Maire de Louannec. Cette année-là, j’avais à peu près l’âge qui est le vôtre, c’est à dire 9 ou 10 ans. Ce jour-là, les vaches s’étaient rempli la panse dans le champ où se trouvent les bâtiments « Editions Jack », près du château d’eau. J’avais ouvert la barrière en bois. Elle était un peu lourde pour moi. Les vaches étaient sorties une à une. Elles marchaient sur la route. On rentrait pour la traite du soir. Je suivais les vaches, armé d’un bâton. J’étais fier de conduire le troupeau qui passait pour être le plus beau de la commune. En ce temps-là, il n’y avait pas autant de voitures qu’aujourd’hui sur les routes. Peut-être qu’il y avait en tout 5 voitures à Louannec. Il y en a maintenant, écoutez bien : 2000 ! Oui, vous avez bien entendu : 2000 ! Alors que je menais le troupeau vers la ferme, arrive derrière moi, à toute vitesse une voiture flambant neuve. Une voiture rutilante. Le chauffeur pile dans un crissement de pneus. Comme les vaches occupaient toute la largeur de la route, il ne pouvait pas passer. Avant que je n’aie eu le temps d’intervenir pour lui faire un passage, le chauffeur s’est fâché. Oui, il était vraiment remonté. Il s’est mis à me crier dessus : «Paysan ! Petit connard ! Tu ne peux même pas t’occuper de tes vaches ! Espèce de bouseux ! » C’était un Parisien. Il était immatriculé 75. Et, bien sûr, il ne parlait pas breton comme vous le faites. Quand j’ai entendu toutes ces insultes, je me suis dit : « Attends un peu, grande gueule ! » Et je n’ai fait aucun effort pour l’aider à passer… Le Parisien s’impatientait. Il faisait beaucoup de bruit derrière moi. Il klaxonnait. Il serrait les dernières vaches du troupeau. Oui, il en faisait du raffut. A la fin, une vache, Bichette qu’elle s’appelait, Bichette a pris peur. Elle a démarré comme une fusée en lâchant un grand jet de bouse sur la voiture neuve. La voiture avait été repeinte. Gratis ! Autant le touriste était furieux autant j’étais heureux ! Je n’ai pas paniqué. Je crois que j’ai siffloté jusqu’au soir… C’est toute une tranche de ma jeunesse de bouvier qu’il m’arrive de ruminer… »
Ar paotr-saout.
Breman, evit c’hoarzhin un tamm bihan, ec’h an da larout deoc’h an dro hag aboa erruet ganin pa oan o labourat en dro d’ar saout. Un istor wir sur, gwir evel ma’on aze breman dirakoc’h. E-tal kichen ar ger e oa, e-ti Per Bourdelles en Mabilies. Per Bourdelles e ‘oa menajer. Aotrou Maer Louaneg oa ivez. Memes oad ha c’hwi ‘oan d’ar c’houlz-se, dek ‘loaz, ‘sonj din. Pa oa echu advern, e oan aet da degas ar saout d’ar ger evid bezan goroet. Mekanik da c’horo saout a oa dija ‘barzh kraou ar saout. E-pad an hanv ‘oa. Brav ’oa an amzer hag an heol a oa dispaket mad. E miz Gouere pe miz Eost ‘oa. Un toullad touristed oa war dro, met pas kement hag a so breman. En deiz-se, ar saout a oa o peurin ‘barzh ar park lec’h eman hirie « Editions Jack » ha kastell-dour Mabilies. Digoret ‘moa ar gled. Pounner ‘oa un tam bihan eviton. Hag ar saout a oa aet war ar hent braz evid mont d’ar ger. Ar paotr-saout a oa adrek al loened gant e vazh. Lorc’h oa ennon bezan gant saout kaeran ar barrezh. D’ar c’houlz-se, ne oa ket kement a weturiou hag a so breman. Martese ne oa nemet pemp gwetur en Louaneg er bloavezhiou-se. Just pa oamp war an hent bras gant ugent a saout irakomp, ‘oa erruiet adrekomp ur wetur nevez flamm hag a ‘ae buan. An hini hag a oa o konduïn ar wetur ne oa ket kap da dremen. Deut oa kaje drouk diouzhtu. Ya, drouk oa deut da vezan hag hope warnon : « Paysan ! Petit connard ! Tu ne peux même pas t’occuper de tes vaches ! Espèce de bouseux ! » Parisianed a oa, ha ne gomzent ket brezhoneg evel just. Fidamdoue, pa m’oa klevet se, me ne raen ket gwad fall, met krog e oan da sonjal : « Gortoz un tam bihan, genou braz ! Gortoz, genou ledan ! » Ha me ne raen seurt ebet evit rein un tam jikour dezhan. Kalz adrouz a rae adrekomp. Ya, kalz a drouz. Benn aer fin ur vuoc’h, Bichet oa he anv, Bichet he devoa tapet doan. Aet ‘oa d’ar red hag a genver he devoa graet ur pezh flistadenn war ar wetur nevez flamm. Leun a gaoc’h saout oa war ar wetur. Fentus oa evitomp. An touristed a oa sod nailh ! Me a chome sioul. Stad oa ennon. An dra ‘zo sur. Goude m’oa c’hwitellet betek an abardaez.
Les élèves m’ont remercié pour mes deux interventions dans leur classe :
Trugarez da vezan deuet er skol da displegan deomp anviou lec’h Louaneg. Plijet e oamp bet kalz gant da abadenn. Farsus a oa istor Bichette en deus graet ur pezh mell beuzelenn war oto nevez an den a deue deus Bariz. Chans ez peuz da anavezout kement a dra diwar-benn Louaneg. Farsus a oa ivez gant istor Rouzes kozh ez a d’an oad. Kalz a dra hon eus desket ganit diwar-benn Louaneg. Daoust hag-en a oa plijus bezan ur paotr-saot ?
Merci d’être venu dans notre école nous expliquer les noms de lieux de Louannec. Cela nous a beaucoup plu. L’histoire de Bichette, avec ce qu’elle a fait à la voiture neuve des touristes parisiens, était très marrante. L’histoire du vieux Rouzès est amusante aussi. Tu as de la chance de connaître autant de choses sur Louannec et tu nous a beaucoup apporté de connaissances nouvelles. Est-ce que c’était agréable d’être vacher ?